Le 2 août, à Niamey, le général Abdourahamane Tiani a présidé la cérémonie marquant le 65e anniversaire de la création des Forces armées nigériennes. Entouré du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine et de plusieurs hauts responsables civils et militaires, le chef de l’État a rendu hommage aux soldats morts au combat, salué les blessés de guerre et décoré des militaires ayant fait preuve de bravoure. L’événement s’est voulu sobre, solennel, et porteur d’un message d’unité autour de l’institution militaire.
Lors de la cérémonie, la médaille Tarha Nakal – “Amour de la patrie” – a été remise aux blessés de guerre et à des éléments des forces de défense et de sécurité particulièrement méritants. Le général Moussa Salaou Barmou, chef d’état-major des armées, a souligné l’importance de cette journée de reconnaissance, rappelant 65 ans de “courage, loyauté et sacrifice”. Il a mis en avant les efforts déployés récemment pour moderniser l’armée, avec l’acquisition de drones, de véhicules blindés, et le déploiement d’une nouvelle stratégie de maillage territorial.
Cette commémoration intervient dans un contexte politique particulier, alors que le général Tiani dirige le pays depuis le coup d’État de juillet 2023. L’armée, désormais pilier du régime, cherche à affirmer son rôle non seulement sécuritaire mais aussi institutionnel. Le développement d’une industrie militaire locale, la modernisation des infrastructures et la création d’une école de guerre s’inscrivent dans cette volonté de structurer durablement les capacités nationales.
En présentant des équipements fabriqués localement – drones de combat, gilets pare-balles, motos tout-terrain – les autorités nigériennes entendent affirmer leur volonté de souveraineté. Le recours à l’expertise nigérienne pour la construction de l’hôpital militaire de Niamey illustre cette orientation : trois entreprises locales mènent le chantier, symbole d’un État qui souhaite s’appuyer davantage sur ses ressources internes, en rupture avec les décennies de dépendance aux partenaires étrangers.
Malgré ces avancées, les défis restent nombreux. Le pays continue de faire face à des attaques terroristes dans plusieurs régions, notamment près des frontières avec le Mali et le Burkina Faso. La montée en puissance annoncée de l’armée devra prouver son efficacité sur le terrain, tout en évitant que son emprise politique ne se fasse au détriment des institutions civiles. La militarisation du pouvoir, si elle s’installe dans la durée, pourrait accroître les tensions internes.
La célébration du 65e anniversaire des Forces armées nigériennes dépasse la seule dimension commémorative. Elle marque une étape dans la consolidation du pouvoir militaire et dans l’affirmation d’un modèle de gouvernance centré sur la souveraineté sécuritaire. La question qui reste ouverte est celle de l’avenir politique du pays : cette autonomie militaire annoncée est-elle un prélude à une transition ordonnée ou le signe d’un enracinement durable de l’ordre militaire ?