Laurent Gbagbo, président du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a révoqué ce 31 juillet Ahoua Don Mello de ses fonctions de vice-président exécutif. Cette décision intervient quelques jours après que ce dernier a annoncé sa candidature à la présidentielle du 25 octobre 2025, malgré la ligne officielle du parti.
Dans une note signée par la direction du PPA-CI, Gbagbo retire à Ahoua Don Mello son portefeuille, notamment celui lié à la promotion du panafricanisme. Cette mission est désormais confiée à Justin Koné Katinan, président du Conseil stratégique et politique du parti. Par ailleurs, l’intérim de la vice-présidence exécutive dans le District des Lacs, bastion stratégique au centre du pays, sera assuré par le secrétaire général Jean Gervais Tcheïdé.
Cette exclusion intervient alors que la candidature de Don Mello défie ouvertement la ligne du parti, dont le chef, Laurent Gbagbo, reste inéligible en raison de sa radiation de la liste électorale. L’ancien ministre et proche collaborateur de Gbagbo justifie sa démarche comme une candidature de “précaution”, motivée par la crainte d’un vide stratégique si le chef du parti ne peut finalement concourir. Il évoque également une réponse à une “colère légitime” au sein de la population et une manière d’éviter la stratégie de boycott électoral.
Cette révocation relance les débats sur la stratégie de l’opposition face au président sortant Alassane Ouattara, dont une candidature en 2025 reste possible malgré les critiques. Le pari de Don Mello, à savoir occuper le terrain politique pour éviter une nouvelle absence de l’opposition comme en 2020, divise. Son discours se veut offensif : il affirme ne pas vouloir “être complice de Ouattara”, mais plutôt œuvrer à son départ du pouvoir, même au prix d’être vu comme un “traître”.
Cette sortie de Don Mello, ancien directeur général du BNETD et figure intellectuelle du camp Gbagbo, illustre les tiraillements internes dans le camp opposé au régime. Faut-il maintenir une ligne dure, fidèle à Gbagbo, ou s’adapter aux réalités politiques et préparer la relève ? Le débat est ouvert. En creux, c’est aussi la question de la transition générationnelle au sein du PPA-CI qui se pose, dans un paysage politique ivoirien où les figures de l’ancien monde restent omniprésentes.