Le gouvernement burundais prend des mesures drastiques pour lutter contre le blanchiment d’argent en supprimant certaines coupures de monnaie. Le président Evariste Ndayishimiye a récemment menacé les hauts responsables accusés d’avoir détourné les fonds publics, affirmant qu’il leur ferait perdre la valeur des milliards de francs burundais volés et cachés dans leurs maisons. La Banque centrale a concrétisé cette menace en annonçant le remplacement des billets de 10 000 et de 5 000 francs burundais par de nouveaux billets sur une période de 10 jours, dans le but de prévenir le blanchiment d’argent par ceux qui ont détourné ces fonds.
Depuis cette annonce, de nombreux Burundais se sont précipités dans les banques pour échanger leurs anciens billets de 5 000 et de 10 000 francs burundais. Cependant, ils sont confrontés à des obstacles quasi insurmontables. Les citoyens ordinaires ne sont autorisés à retirer que 300 000 Fbu, soit environ 100 dollars par jour, et ne peuvent échanger leurs anciens billets que jusqu’à une valeur maximale d’environ 3 600 dollars. Le plafond est fixé à 100 000 dollars pour les entreprises. Cette limite a suscité l’amertume d’un homme d’affaires qui explique que si quelqu’un possède plus d’argent, il devra le jeter, même s’il l’a gagné honnêtement.
De plus, les nouveaux billets sont actuellement distribués au compte-gouttes. Faustin Ndikumana, président de Parcem, une organisation luttant pour la bonne gouvernance, a témoigné des problèmes rencontrés lorsqu’il s’est rendu à la banque : « J’ai essayé de retirer de l’argent au guichet de la banque à l’intérieur du pays et depuis samedi, on me dit que je ne peux pas le faire. Même aujourd’hui, j’y suis allé et on m’a dit d’attendre ». Cette situation entraîne une panique croissante parmi la population, qui éprouve de plus en plus de difficultés à s’approvisionner en divers produits. Certains vendeurs doivent prendre des mesures spéciales et d’autres choisissent tout simplement de se reposer jusqu’à ce que la situation se normalise.
Le président de Parcem met en garde contre les conséquences potentielles de cette mesure sur l’économie nationale. Bien que visant à lutter contre la corruption, elle pourrait également nuire à l’économie. Les autorités doivent être prudentes et trouver un équilibre afin d’éviter d’aggraver les problèmes économiques du pays. Cette décision de supprimer certaines coupures de monnaie pour prévenir le blanchiment d’argent représente un défi pour les citoyens et nécessite une gestion attentive de la part des autorités burundaises.