Le président Évariste Ndayishimiye a inauguré, le 24 juin, le barrage hydroélectrique de Jiji-Mulembwe, marquant une étape majeure dans l’histoire énergétique du Burundi. Avec une capacité de production de 32,5 mégawatts, ce nouvel ouvrage est désormais l’un des plus importants du pays. Trois lignes de 11 MW ont été mises sous tension, concrétisant un projet stratégique pour l’électrification nationale.

Situé dans la commune de Songa, au sud-ouest du pays, le barrage Jiji-Mulembwe représente une avancée considérable pour la Regideso (Régie de production et distribution d’eau et d’électricité du Burundi). Depuis 2020, la production électrique nationale est passée de 47,35 MW à 166,29 MW en 2025. Cette progression, rendue possible grâce à des investissements soutenus, témoigne d’une volonté politique affirmée de rattraper le retard en matière d’infrastructures énergétiques.
Longtemps dépendant de sources limitées et peu fiables, le Burundi figurait parmi les pays les moins électrifiés d’Afrique subsaharienne. Le développement du secteur énergétique a été freiné par des années d’instabilité politique, d’isolement diplomatique et de sous-financement. Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, Évariste Ndayishimiye a fait de l’énergie une priorité stratégique, y voyant un levier essentiel pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté.

Lors de la cérémonie, le chef de l’État a réaffirmé son objectif d’électrifier toutes les communes du pays d’ici la fin de l’année. Cette annonce, ambitieuse, s’inscrit dans le cadre du Plan national de développement (PND 2018-2027), qui vise à faire de l’accès à l’électricité un droit pour chaque citoyen. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement table sur l’extension du réseau de distribution, la modernisation des infrastructures existantes et la mobilisation de partenaires financiers.
Le projet Jiji-Mulembwe a bénéficié de financements multiples, notamment de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et d’autres institutions bilatérales. Ces appuis confirment un regain de confiance envers le pays, malgré des défis persistants sur le plan des droits humains et de la gouvernance. En marge de l’inauguration, le président Ndayishimiye a rappelé aux responsables publics leur devoir de rigueur, dénonçant les lenteurs administratives et appelant à « un gouvernement laborieux et responsable ».
Au-delà des chiffres, le barrage de Jiji-Mulembwe illustre un tournant. Il symbolise le passage d’un Burundi marginalisé à un État qui tente de s’ancrer dans une dynamique de transformation économique. Si les ambitions sont claires, leur concrétisation dépendra du maintien d’une stabilité politique, d’une lutte effective contre la corruption et d’une capacité à gérer durablement les ressources naturelles du pays.