Le Conseil national de la communication (CNC) du Cameroun a émis un avertissement sérieux concernant la prolifération des discours incitant à la haine tribale à l’approche de la présidentielle de 2025. Le régulateur des médias a dénoncé, dans un communiqué, la montée de ces discours tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux. Selon Joseph Chebongkeng Kalabubsu, président du CNC, ces dérives constituent une menace sérieuse pour la paix et la stabilité du pays.
Le président du CNC a souligné que cette dynamique de division est particulièrement inquiétante, étant donné qu’elle survient à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. La tension sociale s’intensifie alors que la campagne s’annonce déjà chaude, et les discours tribaux se multiplient, alimentés par des acteurs politiques et des influenceurs des réseaux sociaux. En plus de nuire à l’harmonie sociale, ces discours peuvent créer des fractures profondes au sein de la société camerounaise, déjà marquée par une diversité ethnique importante.
Le Cameroun, riche de sa diversité ethnique, a toujours été confronté à des défis en matière de coexistence pacifique entre ses différentes communautés. L’histoire politique du pays, marquée par des tensions internes et des conflits politiques récurrents, notamment autour de l’anglophonie et de l’héritage colonial, fait de la stabilité sociale une question centrale. Les discours de haine tribale, souvent instrumentalisés à des fins politiques, ont exacerbé ces divisions dans le passé, menaçant l’unité nationale et la paix.
Face à ce phénomène, le CNC a pris des mesures fermes. Après avoir adressé une mise en demeure aux médias dès janvier 2025, il a promis des sanctions contre les auteurs et les relais de discours haineux. L’instance appelle les acteurs médiatiques à faire preuve de professionnalisme et de responsabilité, soulignant que la liberté de la presse ne doit pas être utilisée comme un prétexte pour diffuser des messages de haine ou de division. Cette fermeté vise à protéger le climat social et à garantir le bon déroulement des élections.
Plusieurs journalistes et responsables de médias ont réagi à cette mise en garde du CNC. Certains saluent l’initiative, estimant que la régulation est nécessaire pour éviter que la couverture médiatique ne soit utilisée pour agiter les tensions sociales. D’autres, cependant, se montrent plus réservés sur l’impact de telles sanctions, soulignant le rôle crucial de la presse dans le maintien de la démocratie. Ils plaident pour un équilibre entre la régulation et la préservation de la liberté d’expression, qui reste un pilier fondamental de la société camerounaise.
La menace des discours de haine tribale va au-delà des simples enjeux électoraux. Elle soulève des questions sur l’avenir de la cohésion sociale au Cameroun et sur la manière dont les institutions peuvent gérer la pluralité des opinions et des groupes d’intérêt. La réponse du CNC, tout en étant ferme, devra s’accompagner d’un dialogue avec les différents acteurs politiques et sociaux pour éviter une polarisation dangereuse à l’approche des élections. Le respect des principes de paix et de solidarité sera crucial pour préserver l’unité du pays.