En 2023, les pays en développement ont dû payer près de 1 400 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure, d’après un rapport de la Banque mondiale. Cette somme importante a mis une grande pression sur leurs économies, menaçant les investissements essentiels dans des domaines comme la santé et l’éducation. L’année 2023 a été particulièrement difficile, avec une forte augmentation des coûts d’intérêts et un contexte économique mondial défavorable pour les économies les plus faibles.
La hausse des taux d’intérêt dans le monde, qui a atteint des niveaux records depuis 15 ans, a augmenté les coûts de financement pour les pays à faible revenu. En 2022, les États-Unis ont resserré leur politique monétaire, ce qui a renforcé le dollar et rendu les remboursements de dettes en devises étrangères plus coûteux. Cela a fait grimper les paiements d’intérêts à 406 milliards de dollars, pesant lourdement sur les budgets nationaux et limitant les dépenses dans des secteurs prioritaires.
Les pays les plus vulnérables, comme ceux qui reçoivent des prêts de l’Association internationale de développement (IDA), ont vu leurs coûts d’intérêts être multipliés par quatre au cours des dix dernières années, atteignant 34,6 milliards de dollars en 2023. Pour aider ces économies, la Banque mondiale et d’autres institutions ont injecté 51 milliards de dollars supplémentaires, mais les créanciers privés en ont profité. Selon Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, le système actuel est “dysfonctionnel” car les banques multilatérales jouent un rôle qui n’était pas prévu pour elles.
Malgré un contexte mondial difficile, certains pays africains ont pris des mesures pour améliorer leur situation financière. Par exemple, l’Éthiopie a temporairement suspendu le paiement de sa dette et a commencé à restructurer une obligation importante. Le Ghana a lancé un programme d’échange de dette intérieure, réduisant ainsi ses coûts et prolongeant la durée de ses obligations. Ces initiatives montrent que ces pays cherchent à reprendre le contrôle de leurs finances, malgré un environnement international défavorable.
La dette extérieure des pays d’Afrique subsaharienne continue de grandir, atteignant 864 milliards de dollars en 2023. Cela représente 16 % des recettes d’exportation et 4 % du revenu national brut. Au total, la dette extérieure des pays en développement a augmenté de 8 % par rapport à 2020, atteignant 8 500 milliards de dollars à la fin de l’année 2023. Ces chiffres montrent les défis économiques auxquels ces pays doivent faire face.
L’ONU prévoit que le service de la dette extérieure des pays africains atteindra 89,4 milliards de dollars en 2024. Cela pourrait réduire fortement les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). Le poids de la dette continue de menacer les priorités de développement, soulevant des questions sur la capacité des économies à faible revenu à grandir de manière durable et inclusive.