Le 5 mai dernier, un remaniement ministériel a eu lieu au Gabon, marquant la formation du nouveau gouvernement sous la présidence d’Oligui Nguema. Parmi les nominations, celle d’Henri-Claude Oyima, nommé ministre de l’Économie, des Finances et de la Dette, a particulièrement attiré l’attention. En effet, cette nomination a provoqué une polémique, car jusqu’à ce jour, Oyima occupe toujours ses autres fonctions, notamment à la tête de la BGFI (Banque Gabonaise et Française Internationale), une institution qu’il dirige depuis plusieurs décennies.
La polémique réside dans le fait qu’Henri-Claude Oyima n’a pas quitté ses responsabilités à la BGFI, contrairement aux attentes de nombreux acteurs politiques et juridiques. Selon Michel Ongoundou Loundah, député de la transition et ancien candidat à la présidence, cette situation est “inacceptable” et “anti-constitutionnelle”. Il rappelle que l’article 71 de la Constitution gabonaise stipule qu’une personne nommée ministre ne doit pas cumuler d’autres fonctions qui seraient en contradiction avec son mandat ministériel. Il exige donc que Oyima quitte immédiatement la direction de la banque afin de se conformer aux lois du pays et à la réglementation de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).
Au-delà de la question constitutionnelle, la situation soulève des interrogations sur les conflits d’intérêts potentiels. En plus de ses fonctions à la BGFI, Henri-Claude Oyima occupe également des postes de direction à la tête de la Fédération des entreprises gabonaises (Fegas) et de la BVMAC (Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale). Ces cumuls de mandats suscitent l’indignation de certains membres de l’opposition, qui estiment que ces responsabilités multiples sont non seulement moralement inacceptables, mais aussi juridiquement incompatibles avec le poste ministériel.
Michel Ongoundou Loundah appelle également à une réévaluation de la manière dont les nominations ministérielles sont gérées. Selon lui, cette situation reflète un manque de rigueur dans les décisions prises par le gouvernement, notamment concernant le respect des règles juridiques et éthiques. Dans un pays qui “se reconstruit” après une période d’exception, il est crucial de prendre le temps nécessaire pour assurer que les personnes nommées à des fonctions de haut niveau sont en totale conformité avec la législation en vigueur. La précipitation dans la prise de décisions pourrait nuire à la crédibilité de l’exécutif et à l’efficacité des réformes économiques en cours.
Ni le gouvernement gabonais ni la direction de la BGFI n’ont apporté de précisions sur cette affaire. Ce silence officiel renforce la méfiance au sein de la population et des observateurs politiques. Certains voient dans cette absence de réponse une tentative d’étouffer le débat, tandis que d’autres estiment qu’il est urgent d’apporter des éclaircissements pour éviter que cette situation ne dégénère en une crise politique plus profonde.