Le Burkina Faso suspend la diffusion de France 24 suite à l’interview du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), diffusée sur la chaîne d’information française. Cette décision a été prise par les autorités de transition du Burkina Faso, qui ont déploré le fait qu’un chef d’organisation terroriste reconnue comme telle par la communauté internationale puisse bénéficier des largesses éditoriales de France 24 pour s’exprimer longuement sur les antennes de la chaîne.
Le gouvernement burkinabé a ainsi décidé, en toute responsabilité et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de suspendre sine die la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national. Cette décision intervient quelques semaines après que France 24 ait pris l’interview du chef du groupe terroriste AQMI, Abou Obeida Youssef al-Annabi, qui avait répondu à 17 questions posées par la chaîne française.
La chaîne avait déjà été mise en demeure début février après l’audition de son correspondant au Burkina Faso en janvier. Selon le Conseil supérieur de la communication (CSC) du pays, en janvier, France 24 avait diffusé une “fausse information” sur les femmes enlevées à Arbinda, dans le nord du pays. Ainsi, les auteurs de l’enlèvement ont été qualifiés de “rebelles islamistes” par la chaîne, tandis que les autorités du pays africain avaient précédemment déclaré qu’il s’agissait de “groupes armés terroristes”.
RFI, un autre média français, avait également été suspendu en décembre 2022 “jusqu’à nouvel ordre” par les autorités de transition du Burkina Faso, qui lui reprochaient un “manquement grave” et l’accusaient de propager une “information mensongère”.
Cette suspension de la diffusion de France 24 intervient dans un contexte de contestation de la présence française. Les autorités burkinabé avaient demandé le départ, dans un délai d’un mois, de la force française Sabre le 18 janvier. L’accord d’assistance militaire conclu avec la France en 1961 avait été dénoncé fin février.
Fatoumata Diallo