Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, une photographie vivante d’un lechwe d’Upemba, une antilope rare et endémique du parc national de l’Upemba dans le sud de la RDC, a été rendue publique. Publiée dans l’African Journal of Ecology, cette image confirme la survie de cette espèce que l’on croyait disparue.
Cette découverte n’est pas le fruit du hasard. L’équipe dirigée par Manuel Weber a d’abord collecté des témoignages de locaux et de gardes forestiers ayant grandi ou travaillé dans la région. Grâce à ces informations, ils ont planifié un survol méticuleux pour identifier des zones clés abritant potentiellement le lechwe. L’analyse des images a permis d’identifier dix spécimens distincts, caractérisés par leur croupion plus élevé que l’épaule, leur ventre blanc et les marques blanches sur leurs jambes.
Décrite pour la première fois en 2005 par un scientifique sud-africain, cette espèce d’antilope avait disparu de la dépression de Kamalondo, une zone humide autrefois peuplée. La chasse intensive est pointée du doigt comme la principale cause de ce déclin dramatique. Alors qu’on comptait près de 22 000 individus dans les années 1970, leur nombre a chuté à moins de 100 aujourd’hui, faisant du lechwe d’Upemba l’une des antilopes les plus menacées et les plus méconnues du continent.
Cette redécouverte pose la question cruciale de la survie des derniers spécimens. Les scientifiques insistent sur l’urgence d’une action concertée pour protéger le lechwe d’Upemba, notamment à travers une sensibilisation accrue des populations locales. Ces communautés, souvent dépendantes de la chasse et de la pêche pour subsister, doivent être associées à la préservation de cet écosystème unique.
#SaviezVous Upemba lechwe (Kobus anselli) est une espèce d'antilope que l'on ne trouve que dans les zones humides d'Upemba en République démocratique du Congo? #Nature #Conservation #Patrimoine #AzzureNature pic.twitter.com/b24G4lbSjZ
— Azzüre | Nature (@AzzureNature) October 17, 2019
Au-delà des témoignages et des images, cette découverte rappelle la nécessité d’un plan de conservation solide et durable. La gestion du parc national de l’Upemba, avec ses zones humides et ses espèces endémiques, doit être repensée pour intégrer les enjeux écologiques et socio-économiques. Sans cela, le lechwe d’Upemba risque de sombrer définitivement dans l’oubli.
La situation du lechwe d’Upemba n’est pas isolée. Elle illustre les conséquences dramatiques de la déforestation, du braconnage et du manque de protection des écosystèmes fragiles en Afrique. Ce cas devrait inciter les autorités congolaises et les partenaires internationaux à redoubler d’efforts pour protéger la biodiversité, au-delà du symbole que représente cette antilope.