Lors d’un sommet inédit à Niamey, le chef de l’État nigérien a annoncé que les peuples du Niger, du Burkina Faso et du Mali ont “irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO”. Cette déclaration marque un tournant significatif dans les relations régionales, renforçant la volonté de ces pays de s’éloigner de l’influence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Le général Abdourahamane Tiani a souligné que cette décision est irréversible et a appelé à la construction d’une “communauté souveraine des peuples” éloignée de l’influence des puissances étrangères. En présence des leaders burkinabè et malien, Tiani a insisté sur la nécessité de faire de l’Alliance des États du Sahel (AES) une alternative viable aux regroupements régionaux perçus comme factices.
En janvier, les trois pays sahéliens avaient annoncé leur départ de la CEDEAO, organisation jugée instrumentalisée par la France, leur ancienne puissance coloniale. Cette rupture s’inscrit dans un contexte de détérioration des relations entre l’AES et la CEDEAO, exacerbées par le coup d’État du 26 juillet 2023 qui a porté le général Tiani au pouvoir au Niger.
La CEDEAO avait réagi à ce coup d’État par de lourdes sanctions économiques contre le Niger et une menace d’intervention militaire pour rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum. Bien que les sanctions aient été levées en février, les relations entre la CEDEAO et l’AES restent tendues et complexes.
Le sommet de Niamey, qui réunit pour la première fois les présidents de l’AES, constitue une étape importante pour cette nouvelle alliance. Le général Tiani a déclaré que l’AES représente le seul regroupement sous-régional efficace dans la lutte contre le terrorisme, critiquant la CEDEAO pour son manque d’implication dans ce domaine.
La CEDEAO tiendra un sommet de ses chefs d’État à Abuja, où les rapports avec l’AES seront un sujet clé de discussion. Ce sommet pourrait influencer l’avenir des relations entre les deux organisations et déterminer la voie à suivre pour les pays sahéliens dans leur quête d’autonomie et de sécurité régionale.
La création et le renforcement de l’AES marquent un changement majeur dans la dynamique politique de la région sahélienne. Les déclarations du général Tiani et les actions des trois pays fondateurs illustrent une volonté commune de se détacher des anciennes structures régionales pour construire une nouvelle alliance axée sur la souveraineté et la lutte contre le terrorisme.