Le Rwanda a conclu un accord avec les États-Unis pour recevoir jusqu’à 250 personnes expulsées du territoire américain. L’annonce a été faite début août par la porte-parole du gouvernement rwandais, qui a précisé que Kigali a déjà reçu une première liste de dix noms. L’accord a été signé en juin à Kigali, selon des informations confirmées par l’agence Reuters.
L’entente prévoit que les personnes relocalisées au Rwanda bénéficieront d’un accompagnement à leur arrivée, incluant une formation professionnelle, une prise en charge médicale et une aide à l’hébergement. Kigali insiste sur le droit de refuser certaines personnes si les conditions de sécurité ou d’identification ne sont pas remplies. Le gouvernement met en avant les valeurs de « réhabilitation et de réintégration » comme socle de sa politique migratoire.
Cette initiative s’inscrit dans une série de discussions engagées dès avril entre Washington et Kigali. Elle intervient dans un contexte où les États-Unis multiplient les démarches de relocalisation vers des pays tiers, en particulier en Afrique. Le Rwanda avait déjà tenté une expérience similaire avec le Royaume-Uni en 2022, mais le projet avait été suspendu avant sa mise en œuvre effective.
Le recours aux pays africains pour accueillir les personnes expulsées s’inscrit aussi dans une dynamique impulsée par l’administration Trump, qui promettait de renvoyer des millions d’immigrés en situation irrégulière, y compris ceux considérés comme dangereux. L’accord avec Kigali semble s’inscrire dans la continuité de cette politique, désormais reprise sous une forme plus institutionnalisée.
Le Rwanda n’est pas le seul pays africain concerné. Le Soudan du Sud et l’Eswatini ont déjà commencé à recevoir certains de ces migrants dans le cadre d’accords bilatéraux similaires avec les États-Unis. Cette tendance marque un tournant dans la gestion des flux migratoires internationaux, où des pays du Sud deviennent des zones de relocalisation sous contrainte.
Pour Kigali, cet accord peut aussi être lu comme un geste diplomatique envers Washington, susceptible de renforcer sa stature sur la scène internationale, tout en mettant en avant sa capacité à gérer des situations complexes de réintégration. Mais les implications à long terme restent floues, notamment en matière de droits humains, de capacité d’accueil et d’acceptabilité sociale au sein de la population rwandaise. La société civile, elle, reste en grande partie silencieuse sur le sujet, en l’absence d’un débat public structuré.