Le Social Democratic Front (SDF), parti d’opposition historique du Cameroun, est en train de subir une chute dramatique. En moins de deux ans, il est passé de sept sénateurs élus à un seul sénateur nommé. Cette descente aux enfers est le résultat d’un alignement progressif sur le régime de Yaoundé, qui a vu le parti renier ses positions fondamentales.
La nomination du seul sénateur du SDF par magnanimité du président de la République est un signe clair de l’aplaventrisme éhonté du parti. Cette nouvelle recrue de la majorité présidentielle a abandonné les valeurs du SDF pour devenir un marche-pied du régime en place. Les raisons des sanctions arbitraires et anti-statutaires prises à l’encontre des membres qui se sont regroupés pour former le G27+ sont désormais évidentes. Le but était de vider le NEC de son substrat, de le laisser avec une coquille vide qui entérinerait toutes les commandes du système gouvernant.
Ce retournement de veste a des conséquences dramatiques pour le SDF, mais également pour l’Histoire politique du Cameroun. Les noms des principaux collabos seront publiés dans les livres pour que nul n’en ignore. Les six martyrs « piétinés » par balles le 26 mai 1990 à Bamenda doivent certainement se retourner dans leurs tombes. La situation est tragique pour ce parti qui avait fait naître de grands espoirs lors de sa création, en 1990. Aujourd’hui, il est devenu une coquille vide, abandonnant ses valeurs pour s’aligner sur un régime autoritaire.
Pascale TchaKounte