Les exportations de voitures sud-africaines vers les États-Unis ont chuté de 73 % au premier trimestre 2025, marquant un tournant brutal pour un secteur déjà sous pression. L’annonce a été faite par l’Association des constructeurs automobiles sud-africains (Naamsa), qui tire la sonnette d’alarme face à une situation jugée critique. À l’origine de cette dégringolade : l’instauration de nouvelles taxes à l’importation imposées par l’administration Trump.
Entre avril et mai, les exportations de véhicules sud-africains vers les États-Unis ont fondu de 80 %, selon les données compilées par Naamsa. « Une crise sociale est à venir », avertit Mikel Mabasa, son directeur général. Les constructeurs présents sur le sol sud-africain – Mercedes-Benz, Stellantis, Chrysler – s’inquiètent de la rentabilité de leurs activités locales, désormais compromises par des taxes douanières passant de 25 % en avril à 30 % dès le 1er août.
Les États-Unis représentent le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud. En 2024, le secteur automobile pesait à lui seul 64 % des exportations sud-africaines dans le cadre de l’accord AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui permet l’accès au marché américain sans droits de douane pour certains produits. La hausse soudaine de ces taxes remet en cause les fondements même de cet accord, déjà fragilisé par les tensions diplomatiques entre Pretoria et Washington.
Au-delà des constructeurs, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qui est menacée : fabricants de pièces détachées, fournisseurs de services logistiques, sous-traitants… La baisse de la production aura un effet domino sur l’emploi. Le risque de désengagement progressif des industriels étrangers devient concret, au moment où le pays peine déjà à juguler un chômage endémique.
La décision de Washington s’inscrit dans une politique plus large de protectionnisme économique relancée par Donald Trump depuis son retour au pouvoir. Plusieurs pays africains, dont l’Afrique du Sud, sont dans le viseur en raison de leur positionnement jugé trop favorable à la Chine ou à la Russie. L’enjeu dépasse donc l’économie : il touche à l’alignement géopolitique du continent.
Le gouvernement sud-africain tente, pour l’heure, de sauver ce qui peut l’être. Des discussions seraient en cours avec Washington pour tenter d’obtenir des dérogations ou au moins un délai. Mais dans un contexte électoral tendu aux États-Unis et face à une Maison-Blanche peu encline au compromis, les marges de manœuvre sont faibles. À défaut d’accord, le secteur pourrait basculer vers une restructuration douloureuse.