Le 17 juillet 2025, la France a officiellement mis fin à sa présence militaire permanente au Sénégal. Une cérémonie discrète mais hautement symbolique s’est tenue au camp Geille, au cœur de Dakar, pour marquer la rétrocession de cette base stratégique. Avec le départ de l’armée française, le Sénégal tourne une page vieille de plus de cent cinquante ans, mettant un terme à une présence militaire continue depuis l’époque coloniale.
Le camp Geille, dernier bastion militaire français à Dakar, s’étend sur cinq hectares dans le quartier de Ouakam. Il représentait, avec l’escale de l’aéroport, les deux dernières emprises françaises dans le pays. Leur restitution s’inscrit dans un processus de retrait coordonné, amorcé dès 2022, et marque aussi la fermeture de la dernière base militaire française en Afrique de l’Ouest, après celles du Tchad et de la Côte d’Ivoire plus tôt cette année. Le retrait symbolise un changement de paradigme dans les relations entre Paris et ses anciens partenaires africains.
Depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, la présence militaire française s’est traduite par une coopération sécuritaire encadrée par plusieurs accords. Dans les premières décennies, Paris s’engageait à défendre le Sénégal en cas d’agression et à contribuer à la formation de son armée. Ce partenariat s’est progressivement transformé, notamment après 2011, où les « Forces françaises du Cap-Vert » ont été rebaptisées « Éléments français au Sénégal », avec une mission recentrée sur l’entraînement et la formation.
La fin de cette présence permanente s’est faite dans un climat apaisé, à la suite de négociations engagées sous le précédent gouvernement et renforcées après l’élection du Pastef. Dès son arrivée au pouvoir, le président a exigé la fermeture de toutes les bases militaires étrangères, concrétisant une promesse politique longtemps portée par une frange de la gauche sénégalaise. La rétrocession des emprises a été confiée à une commission mixte qui a coordonné les départs entre mars et juillet 2025.
Pour autant, Paris et Dakar insistent : il ne s’agit pas d’une rupture mais d’une nouvelle phase de la coopération. La présence militaire française ne sera plus permanente, mais ponctuelle, en fonction des besoins exprimés par les autorités sénégalaises. Des formations continueront, notamment sur la sécurité maritime et la lutte contre la cybercriminalité, mais les effectifs seront envoyés depuis Paris, et non plus basés localement.
Ce retrait militaire s’inscrit dans une dynamique plus large de redéploiement stratégique français sur le continent, amorcée face à une perte d’influence croissante et à des contestations populaires répétées. Il ne reste aujourd’hui à la France qu’une base à Djibouti et une emprise conjointe avec le Gabon à Libreville. L’heure est désormais à la redéfinition des partenariats sur de nouvelles bases, moins héritées du passé colonial, et plus proches des aspirations souveraines des pays africains.