Le vendredi 6 décembre 2024, des manifestations ont éclaté dans la capitale tchadienne, Ndjamena, pour soutenir la décision du gouvernement de mettre fin aux accords militaires avec la France. Ces rassemblements faisaient suite à ceux organisés la veille à Abéché, à l’initiative du maire. Plusieurs partis politiques proches du pouvoir ont appelé à manifester, et de nombreux jeunes se sont joints à ces manifestations dans divers quartiers de la capitale.
Dès 7h15, une centaine de manifestants se sont rassemblés au stade municipal du quartier Ndjari. Ils scandaient des slogans comme « Vive le Tchad, France dehors » et « Tchad libre, France dehors ». Leur message était clair : ils voulaient que la France retire ses bases militaires du Tchad et désiraient que leur pays soit pleinement indépendant. Ali, un manifestant, a expliqué que le peuple voulait vivre sans bases militaires étrangères. D’autres, comme Abakar, reprochent à la France d’être responsable des problèmes économiques et sociaux du Tchad, qui est pourtant riche en ressources.
Ces manifestations interviennent dans un contexte tendu, marqué par une remise en question de la relation entre le Tchad et la France. Beaucoup accusent la France de maintenir une influence négative sur l’économie du pays. Le ressentiment envers cette présence militaire perçue comme inutile est fort, en particulier parmi les jeunes. Sylvain, un autre manifestant, a même interpellé directement le président français Emmanuel Macron, rappelant que le Tchad « n’est pas une sous-préfecture de la France ».
En même temps que les manifestations, le Premier ministre tchadien, Allamaye Halina, a pris la parole pour la première fois depuis l’annonce de la fin des accords militaires. Il a annoncé la création d’une commission pour organiser le retrait des troupes françaises. Selon lui, le partenariat militaire avec la France « a montré ses limites » et il est temps pour l’armée tchadienne de dépendre de ses propres moyens pour assurer la sécurité du pays.
Parmi les manifestants, beaucoup étaient jeunes, mais il y avait aussi des leaders religieux musulmans, des élèves du lycée Felix Eboué, et des étudiants de l’École normale supérieure. Des automobilistes avec des drapeaux tchadiens ont également rejoint le mouvement. Les manifestations, bien que spontanées, ont été pacifiques et aucune violence n’a été signalée tout au long de la matinée.
Allamaye Halina a également appelé à une analyse raisonnée de la décision du Tchad, en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une rupture diplomatique avec la France, mais seulement de la fin de la coopération militaire. Il a voulu rassurer la communauté internationale sur les intentions pacifiques du gouvernement tchadien et a souligné la nécessité pour le pays de compter avant tout sur ses propres forces.