Après une décennie de chaos politique et économique, la Libye, toujours divisée entre l’est et l’ouest, affiche une ambition claire : augmenter sa production de pétrole pour atteindre les 2 millions de barils par jour. Cette perspective attire les compagnies pétrolières internationales, séduites par les vastes réserves du pays, les plus importantes d’Afrique.
TotalEnergies, Shell et ConocoPhillips figurent parmi les multinationales qui ont récemment investi en Libye. Cette dynamique est favorisée par des évolutions notables : la réunification de la Banque centrale, des changements à la tête de la NOC (National Oil Corporation) et la reprise de gisements stratégiques comme al-Charara, précédemment sous contrôle des milices. Zakaria Al Barouni, directeur général de la société d’assurance Al Baraka, souligne que le climat des affaires s’est considérablement amélioré, avec des transferts de fonds plus simples et un environnement financier plus stable.
Les troubles politiques initiés par le « printemps arabe » en 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi ont gravement affecté les investissements étrangers en Libye. Les violences et les attaques répétées sur les installations pétrolières ont poussé les compagnies étrangères à rapatrier leurs employés, entraînant une chute des investissements directs étrangers. Aujourd’hui, la situation semble s’améliorer, ranimant l’intérêt des investisseurs.
Avec la stabilisation progressive de certaines institutions libyennes et l’assurance contre les risques de guerre et les troubles civils, les investisseurs retrouvent confiance. Al Barouni précise que ces assurances apportent une sécurité essentielle pour les entreprises, leur permettant d’opérer avec une certaine tranquillité d’esprit malgré les risques inhérents au contexte libyen.
Cependant, tout n’est pas parfait. La NOC, malgré ses avancées, est encore confrontée à des problèmes internes, notamment la contrebande de carburant, un fléau qui persiste depuis plus de dix ans. Jalil Harchaoui, spécialiste de la Libye, note que ces pratiques créent un environnement économique opaque et risqué, potentiellement propice au blanchiment d’argent.
Une partie des revenus du pétrole brut est utilisée pour acheter du carburant à l’étranger, notamment en Russie, qui est ensuite revendu sur le marché noir dans des pays voisins comme le Tchad et le Soudan. Ce trafic représenterait plus de 5 milliards de dollars par an, selon le bureau d’audit libyen. Ces pratiques illégales constituent une menace pour la stabilité économique et la transparence des investissements en Libye.