Le 21 février 2025, les prix du cacao ont enregistré une baisse significative sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de New York, atteignant 8 934 $ la tonne, soit leur niveau le plus bas depuis trois mois. Cette chute des prix, observée lors de trois séances consécutives, survient après plusieurs mois de hausse continue des prix du cacao à l’échelle mondiale, marqués par des records inédits tout au long de l’année 2024. Cette évolution met en lumière des tensions persistantes sur le marché, bien que les fluctuations restent modérées en ce début d’année.
L’analyse des données de YCharts révèle que la baisse des prix du cacao est en grande partie liée à un ajustement sur les marchés financiers. En effet, le nombre de contrats à terme en circulation sur l’ICE a diminué, passant de 121 018 à 115 974 contrats en seulement une semaine. Cette baisse des contrats montre que de nombreux fonds spéculatifs ont liquidé leurs positions longues pour réaliser des bénéfices, anticipant un retournement du marché à court terme. Selon les experts, cette tendance pourrait suggérer un affaiblissement de la demande mondiale, contribuant à la baisse des prix à court terme.
La flambée des prix du cacao en 2024 a eu des répercussions importantes sur l’industrie du chocolat. De grandes entreprises comme Mondelez et Hershey ont annoncé des hausses de prix de leurs produits en raison de l’augmentation du coût du cacao. Mondelez a averti que les prix du chocolat pourraient augmenter de 30 à 50 % tandis que Hershey a prévu de reformuler ses produits pour réduire la quantité de cacao. Cependant, les observateurs restent prudents, car malgré cette baisse des prix à New York, des incertitudes demeurent quant à l’évolution de l’offre, notamment en Afrique de l’Ouest, où la production de cacao est concentrée.
Les perspectives du marché du cacao restent floues, avec des prévisions annonçant une possible baisse de 30 % des prix mondiaux d’ici fin 2025. Cette baisse serait principalement alimentée par une diminution de la demande, après un pic de consommation en 2024. Toutefois, les experts estiment qu’il est encore trop tôt pour juger de l’évolution de l’offre, en particulier en ce qui concerne les deux plus grands producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ces pays doivent encore connaître des récoltes favorables pour que la production mondiale augmente, ce qui pourrait entraîner un léger surplus d’ici la fin de l’année 2025.
Les conditions climatiques dans les principaux pays producteurs, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana, seront cruciales pour déterminer l’évolution de la production de cacao dans les mois à venir. Selon Steve Wateridge, expert chez Tropical Research Services, la situation reste incertaine car les récoltes qui démarrent en avril prochain pourraient influencer significativement le marché mondial. Si les conditions sont favorables, la production pourrait augmenter, ce qui aurait pour effet de stabiliser les prix ou même de les faire légèrement baisser. Mais ces incertitudes sont toujours présentes, et il faudra attendre l’évolution des conditions climatiques pour évaluer les perspectives.
Le marché du cacao continue de faire face à des défis majeurs, tant sur le plan de l’offre que de la demande. Si la baisse des prix actuels semble offrir un répit temporaire, la question de l’approvisionnement reste cruciale. Les producteurs en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud pourraient répondre à l’incitation des prix élevés en augmentant leur production, mais cette solution n’est pas sans risques. Les fluctuations constantes des prix, combinées à des incertitudes sur la production et la demande, pourraient fragiliser davantage un marché déjà volatil, entraînant de nouvelles turbulences économiques pour les acteurs du secteur.