Confronté à une vague massive de licenciements dans le secteur textile, le Lesotho a officiellement déclaré un « état de catastrophe nationale ». Cette décision intervient après l’imposition, par l’administration Trump, de droits de douane atteignant 50 % sur certains produits importés, frappant de plein fouet ce petit royaume enclavé au sein de l’Afrique du Sud, dont l’économie repose essentiellement sur les exportations vers les États-Unis.
Jusqu’à récemment, les exportations textiles du Lesotho bénéficiaient d’un accès préférentiel au marché américain dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa). Mais l’instauration de nouveaux tarifs douaniers, même suspendus temporairement, a suffi à provoquer un effondrement brutal : annulations de commandes, fermeture d’usines et licenciements en cascade. Le secteur textile, pilier de l’économie nationale, vacille.
Avec une jeunesse frappée par un chômage endémique — estimé à 38 % en février —, la perte annoncée de 40 000 emplois supplémentaires représenterait un choc social majeur. L’économie du Lesotho, déjà fragile, dépend largement de la demande étrangère, en particulier pour les jeans destinés à des marques américaines comme Levi’s. L’impact immédiat sur les revenus des ménages et les finances publiques ne laisse guère de marge de manœuvre au gouvernement.
Le gouvernement espère qu’en instaurant un état de catastrophe pour deux ans, il pourra débloquer des fonds d’urgence plus rapidement. Cette mesure vise à amortir les effets de la crise, alors que le pays subit également les conséquences de la réduction de l’aide américaine, notamment dans la lutte contre le VIH, un autre fléau auquel le Lesotho reste particulièrement exposé.
La décision de Donald Trump illustre une rupture nette avec la logique de coopération Sud-Nord qui avait prévalu depuis la mise en place de l’Agoa. En sacrifiant les intérêts de partenaires aussi vulnérables que le Lesotho sur l’autel de sa guerre commerciale, Washington met à mal les fondations mêmes des relations économiques afro-américaines. Pour le Lesotho, cette crise dépasse le cadre commercial : c’est un enjeu de survie nationale.
Alors que l’avenir de l’Agoa reste incertain et que la pression sociale monte dans les zones industrielles, le Lesotho tente d’attirer d’autres partenaires économiques. Mais sa dépendance au marché américain rend cette transition périlleuse. Le pays joue désormais une course contre la montre pour éviter l’implosion sociale et préserver ce qui reste de son tissu productif.