L’ex-gouverneur de la Banque centrale de Guinée, Ibrahima Chérif Bah, a été condamné mardi 6 mai 2025 par la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) à une peine de cinq ans de prison ferme, ainsi qu’à une amende de 5 milliards de francs guinéens (environ 500 000 euros). En plus de la peine de prison, la Crief a ordonné la confiscation de ses biens. Cette décision fait suite à un procès long de cinq mois qui a mis en lumière des accusations graves à l’encontre de l’ex-responsable financier du pays.
Ibrahima Chérif Bah a été jugé pour des faits graves, dont le détournement de fonds publics, la corruption, l’enrichissement illicite, l’abus de confiance et le blanchiment d’argent. Les charges portées contre lui font état d’un préjudice présumé de 10,5 millions de dollars (environ 9,3 millions d’euros), une somme considérable pour l’État guinéen. Ces accusations s’inscrivent dans un contexte de lutte contre la corruption menée par la nouvelle équipe dirigeante du pays, après l’arrivée de Mamadi Doumboya au pouvoir en 2021.
Ibrahima Chérif Bah, ancien vice-président du parti d’opposition UFDG, a exercé des responsabilités importantes en Guinée, notamment à la tête de la Banque centrale. Son procès survient dans un contexte de transition politique, où les autorités guinéennes, sous le commandement de Mamadi Doumboya, mènent une politique de répression contre la corruption et les abus financiers des précédentes administrations. L’ex-gouverneur est en exil depuis l’arrivée au pouvoir du Colonel Doumboya, et son absence au procès a conduit la justice à prononcer une condamnation par contumace, accompagnée d’un mandat d’arrêt.
Cette condamnation de l’ex-gouverneur de la Banque centrale de Guinée marque un tournant dans la lutte contre la corruption dans le pays. Elle envoie un signal fort, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières guinéennes, sur la détermination du gouvernement à éradiquer les pratiques illégales au sein des institutions publiques. Les observateurs politiques estiment que cette décision pourrait renforcer la crédibilité du régime de Mamadi Doumboya, tout en mettant sous pression d’autres figures politiques et économiques du pays.
La réaction à cette condamnation a été partagée entre ceux qui saluent une avancée vers la transparence et la justice, et ceux qui dénoncent une instrumentalisation politique du système judiciaire. Dans ce contexte, la Guinée se retrouve au cœur d’une bataille pour la restauration de la confiance publique, avec des enjeux à la fois économiques et sociaux. Les autorités devront désormais prouver que cette répression ne s’applique pas uniquement à des figures de l’opposition et qu’elle est bien dans l’intérêt général du pays. La suite de cette affaire pourrait donc avoir des répercussions importantes sur l’instabilité politique et la gestion économique de la Guinée.
Le fait qu’Ibrahima Chérif Bah soit jugé par contumace témoigne de la complexité de cette affaire. L’ex-gouverneur reste un acteur important de la politique guinéenne, malgré son absence physique. En exil depuis plus de deux ans, il a choisi de ne pas revenir en Guinée, craignant des représailles politiques. Cette situation soulève des questions sur la neutralité du système judiciaire et sur les conditions dans lesquelles certains procès se déroulent, notamment ceux concernant des figures politiques de l’opposition.