L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a commencé à purger une peine de 27 ans de prison ferme pour tentative de coup d’État, marquant une étape historique dans l’histoire judiciaire du pays. Cette décision de la Cour suprême intervient après l’épuisement de tous ses recours et son transfert en détention provisoire suite à une tentative de sabotage de son bracelet électronique.
Les faits pour lesquels l’ex chef d’État a été condamné sont d’une extrême gravité. La justice l’a reconnu chef d’une organisation criminelle ayant conspiré pour assurer son maintien autoritaire au pouvoir après sa défaite électorale face à Lula en octobre 2022. Le plan putschiste, selon l’accusation, prévoyait jusqu’à l’assassinat du président Lula, de son colistier Geraldo Alckmin et du juge Alexandre de Moraes, n’échouant que par manque de soutien militaire.
Cette condamnation s’inscrit dans un Brésil profondément divisé, où les institutions démocratiques ont été sévèrement testées après les élections de 2022. Les partisans de Bolsonaro avaient alors lancé un mouvement de contestation culminant avec le saccage des sièges des trois pouvoirs à Brasilia en janvier 2023, dans une tentative délibérée de renverser l’ordre constitutionnel.
Les implications politiques de cette incarcération sont immédiates. Elle prive la droite brésilienne de son champion naturel pour la présidentielle de 2026, alors que Lula a déjà annoncé sa candidature pour un quatrième mandat. Cette situation crée un vide politique dans le camp bolsonariste, potentiellement propice à l’émergence de nouvelles figures ou à une radicalisation accrue de ses partisans.
La défense de l’ancien président tente désormais une bataille sur le terrain humanitaire. Ses avocats invoquent son état de santé fragile, incluant un cancer de la peau et des séquelles de l’attentat de 2018, pour réclamer un régime de détention comparable à celui accordé à l’ancien président Fernando Collor. Le juge Alexandre de Moraes, cependant, reste inflexible face à ces demandes.
La famille Bolsonaro mène une offensive médiatique parallèle. Ses fils dénoncent une persécution politique et alertent sur une prétendue détérioration de sa santé mentale. Ces déclarations visent clairement à mobiliser la base électorale de l’ex président et à internationaliser sa cause, dans une stratégie classique de victimisation.
Au delà du cas individuel, cette affaire représente un test crucial pour la résilience des institutions brésiliennes. La fermeté judiciaire face à un ancien président coupable de tentative de putsch envoie un message fort sur l’égalité devant la loi, tout en risquant d’attiser les tensions dans une société encore meurtrie par les événements post électoraux.



