Le Canada fait face à de vives critiques concernant son programme de travailleurs étrangers temporaires. Selon Amnesty International Canada, le pays ne fait pas assez pour lutter contre l’exploitation de ces travailleurs, particulièrement ceux liés à un seul employeur par des visas restrictifs. Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la section anglophone de l’organisation, dénonce la situation précaire dans laquelle se trouvent ces travailleurs, souvent contraints à accepter des conditions de vie et de travail indignes.
L’un des problèmes majeurs soulevés par Amnesty est le système de visa fermé, qui lie les travailleurs migrants à un seul employeur. Cette situation les rend particulièrement vulnérables à diverses formes d’exploitation. Les travailleurs sont souvent contraints de vivre dans des logements insalubres et surpeuplés, de travailler dans des conditions dangereuses et de subir des violences psychologiques. Cette dépendance totale vis-à-vis d’un employeur empêche toute forme de mobilité professionnelle et renforce leur précarité.
Dans son rapport de janvier, Amnesty a souligné que les autorités canadiennes sont conscientes des abus liés au système depuis des décennies, mais que les réformes apportées jusqu’à présent sont insuffisantes. Malgré les alertes répétées, les politiques n’ont pas été modifiées de manière significative, et les permis de travail fermés demeurent en place. Ce statu quo est source d’inégalité et de discrimination pour les travailleurs migrants, qui continuent à souffrir sous un système qui favorise leur exploitation.
Amnesty International appelle désormais le gouvernement canadien à accorder des permis de travail ouverts, permettant aux travailleurs de changer d’employeur plus facilement et d’améliorer leur situation. Cette demande s’inscrit dans une volonté de réformer en profondeur un système perçu comme obsolète et inadapté aux réalités actuelles du marché du travail. Les experts insistent sur la nécessité de politiques qui offrent aux migrants une véritable protection et la possibilité de travailler dans des conditions dignes.
Le rapport d’un rapporteur spécial des Nations Unies, publié en août dernier, a renforcé les critiques en qualifiant le programme de travailleurs étrangers temporaires de « terreau fertile pour les formes contemporaines d’esclavage ». Ce constat met en lumière les dérives du système canadien, soulignant l’urgence de réformes systémiques pour protéger les travailleurs vulnérables. Amnesty International, tout comme les travailleurs migrants eux-mêmes, continuent de revendiquer des actions concrètes et durables.
Lors d’un événement en ligne organisé par le commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique, Ketty Nivyabandi a exprimé sa déception face aux réformes limitées entreprises par le Canada. Selon elle, les mesures actuelles sont fragmentées et ne répondent pas à l’ampleur des problèmes dénoncés depuis des années par les travailleurs migrants et les défenseurs de leurs droits. Le manque de volonté politique pour mettre en place des changements structurels reflète un déficit de considération pour les conditions de vie et de travail de cette main-d’œuvre essentielle.