L’ex-président de la Chambre des représentants du Liberia, Jonathan Fonati Koffa, a été placé en détention au siège de la police nationale. Il est inculpé pour incendie criminel, tentative de meurtre et mise en danger d’autrui, en lien avec l’incendie qui a frappé le bâtiment du Congrès en décembre 2024. D’autres députés sont également visés dans cette affaire. Cette arrestation a immédiatement ravivé les tensions politiques à Monrovia.
Le chef de la police affirme détenir des « preuves solides » contre l’ancien speaker, qui avait pourtant obtenu en avril l’annulation de sa destitution par la Cour suprême. Malgré cette victoire judiciaire, Koffa avait choisi de démissionner mi-mai. Pour ses soutiens, notamment l’ancien président George Weah, cette affaire est une « manœuvre politique » visant à neutraliser un opposant influent. Ils réclament sa libération immédiate, accusant le pouvoir en place de vouloir museler l’opposition.
L’affaire Koffa s’inscrit dans un climat de confrontation politique intense. En octobre 2024, une frange du Parlement avait voté sa destitution, l’accusant de corruption et de mauvaise gouvernance. En réaction, ces députés avaient formé leur propre assemblée, dirigée par un proche de l’actuel président Joseph Boakai. Cette division inédite du pouvoir législatif avait paralysé le fonctionnement du Congrès pendant plusieurs mois, sur fond de rivalité entre les anciens et les nouveaux cercles du pouvoir.

L’incendie du 18 décembre, intervenu après des manifestations pro-Koffa à Monrovia, a marqué un tournant. La procédure judiciaire ouverte contre l’ancien président de la Chambre risque de rallumer les tensions. Si les accusations s’avèrent fondées, elles pourraient définitivement écarter Koffa de la scène politique. Dans le cas contraire, elles pourraient renforcer les accusations de persécution politique. Le dossier est donc doublement explosif : juridiquement et politiquement.
Au-delà du cas personnel de Koffa, cette affaire met en lumière les fragilités institutionnelles du Liberia. La remise en cause d’une décision de la Cour suprême par le maintien d’une pression politique, puis judiciaire, pose question. Elle reflète aussi les failles dans la séparation des pouvoirs et l’incapacité du système politique à sortir des rapports de force partisans. À l’approche des prochaines échéances électorales, cette instrumentalisation supposée de la justice pourrait accentuer la défiance envers les institutions.