Depuis plus d’un mois, la Libye fait face à une crise majeure au sein de sa Banque Centrale, marquée par le limogeage du gouverneur Al-Siddik al-Kabir par le Conseil présidentiel. Cette décision, jugée illégitime car relevant du Parlement et du Haut Conseil d’État, a déclenché une instabilité institutionnelle qui aggrave la dévaluation du dinar face au dollar.
Le remplacement d’Al-Siddik al-Kabir, bien qu’en dehors des prérogatives du Conseil présidentiel, a été suivi par la mise en place d’un nouveau comité de direction à la tête de la Banque Centrale. Cette situation, sur fond de divisions politiques profondes, a plongé l’économie libyenne dans une nouvelle crise. Les conséquences sont lourdes : les champs pétroliers sont fermés, les prix des produits essentiels flambent, et la monnaie nationale, le dinar, est en chute libre.
Cette dépréciation a atteint un point critique le 24 septembre, lorsque le dinar s’échangeait à 8,20 contre un dollar sur le marché noir de Tripoli, un taux inédit depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. En réponse à cette situation, les autorités ont fermé al-Mouchir, le principal marché de change à Tripoli, dans une tentative de freiner la spéculation. Alors que le taux officiel reste à 4,7 dinars pour un dollar, la crainte que le dinar atteigne 10 pour un dollar se répand parmi la population.
L’impact économique de cette crise se traduit également par une inflation galopante, en particulier sur les produits alimentaires, dont les prix ont augmenté de 27,8 % en un mois, selon la FAO. Cette flambée des prix est le résultat direct de la crise à la Banque Centrale, qui alimente l’incertitude sur les marchés et provoque une hausse continue du dollar.
Les perspectives ne sont guère encourageantes. L’économie libyenne, déjà affaiblie par la baisse des exportations de pétrole, souffre également de l’incapacité de la Banque Centrale à réguler le marché noir et à stabiliser le taux de change. De plus, l’ancien gouverneur, qui a conservé le code Swift de l’institution, pourrait empêcher la Libye d’importer des produits essentiels comme les médicaments, aggravant la crise humanitaire.
En l’absence d’un règlement rapide de cette crise institutionnelle, la Libye risque de voir ses projets de reconstruction et d’investissements internationaux paralysés, plongeant ainsi le pays dans une nouvelle période d’incertitude économique et sociale.