Plus d’une semaine après le passage dévastateur de la tempête Daniel, les autorités de l’est libyen ont restreint l’accès des journalistes à la ville de Derna, la plus durement touchée par les inondations. Le gouvernement de Benghazi a même ordonné aux journalistes déjà présents de quitter la ville le mardi 19 septembre. Cette décision intervient à la suite d’une manifestation des habitants de Derna, qui blâment le pouvoir en place dans l’est du pays pour la gestion désastreuse de la catastrophe.
Les habitants de Derna ont exprimé leurs revendications de manière véhémente lors de la manifestation de lundi. Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, rapporte que les manifestants demandaient non seulement le départ de tous les responsables, mais également de les traduire en justice. Ils ont sollicité le procureur général basé à Tripoli pour ouvrir rapidement une enquête afin de déterminer les responsabilités dans cette tragédie.
Au cœur des critiques se trouve le maire de la ville, Abdulmonem Al Ghaiti, notamment pour ses déclarations contradictoires avant l’arrivée de la tempête. Les habitants remettent également en cause son mentor, Aguila Saleh, le président du Parlement, qui est la deuxième personnalité la plus influente de l’est libyen après Khalifa Haftar.
L’exaspération des habitants de Derna est exacerbée par des années de souffrance. La ville de Derna est reconnue pour sa résistance, ayant enduré des épreuves sous le régime de Kadhafi et après. Elle a été soumise à un embargo de trois ans par le maréchal Haftar, qui la soupçonnait d’être un bastion de jihadistes, bien que ce soient les habitants eux-mêmes qui se sont soulevés pour chasser les extrémistes de leur ville. Derna était déjà en difficulté avant l’arrivée de la tempête, laissée à l’abandon et sinistrée.
Aujourd’hui, les habitants de Derna appellent à la réunification des deux gouvernements libyens, espérant ainsi trouver une solution à leurs problèmes et reconstruire leur ville meurtrie.