Le gouvernement d’union nationale libyen dirigé par Abdelhamid Dbeibah a présenté le 23 juillet à l’administration Trump un ambitieux “partenariat stratégique” évalué à 70 milliards de dollars. Cette proposition, dévoilée lors d’une rencontre à Tripoli avec Massad Boulos, conseiller spécial du président américain pour l’Afrique, vise à faciliter une “entrée organisée et directe des investissements américains sur le marché libyen”.
Ce méga-projet couvre plusieurs secteurs stratégiques de l’économie libyenne : énergie, exploitation minière, électricité, infrastructures et télécommunications. Les discussions ont également porté sur les “opportunités offertes par les nouveaux blocs pétroliers onshore et offshore”, témoignant de la volonté de Tripoli d’attirer les compagnies américaines dans son secteur pétrolier. Cette initiative s’inscrit dans la tournée régionale de Massad Boulos au Maghreb, qui comprend des étapes en Tunisie, en Algérie et au Maroc.
La Libye demeure divisée entre deux gouvernements rivaux depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Le gouvernement de Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, fait face à un exécutif concurrent siégeant à Benghazi et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. Ce dernier contrôle une large partie du territoire libyen grâce notamment à l’appui de puissances étrangères comme la Russie et les Émirats arabes unis. Cette fragmentation politique a longtemps compliqué les investissements étrangers et l’exploitation optimale des ressources pétrolières du pays.
Cette offensive diplomatique intervient au moment où l’administration Trump cherche à redéfinir la politique américaine en Afrique. Pour Dbeibah, ce partenariat représente une opportunité de légitimer son gouvernement face à ses rivaux de l’est et d’attirer des capitaux essentiels à la reconstruction du pays. Le succès de cette initiative dépendra largement de l’évolution de la situation sécuritaire en Libye et de la capacité du gouvernement de Tripoli à maintenir sa reconnaissance internationale.
L’intérêt américain pour la Libye s’inscrit dans une logique de diversification énergétique et de contrepoids aux influences russe et chinoise croissantes sur le continent africain. Les réserves pétrolières libyennes, parmi les plus importantes au monde, représentent un enjeu géostratégique majeur. Cependant, l’instabilité chronique du pays et la persistance des divisions politiques constituent des défis considérables pour tout investisseur étranger.
La visite de Boulos s’inscrit dans une approche plus large de réengagement américain au Maghreb, région où les États-Unis ont vu leur influence s’éroder au profit d’autres puissances. Pour Tripoli, l’enjeu est double : consolider sa légitimité face à Benghazi tout en relançant une économie dévastée par plus d’une décennie de conflit. Le montant annoncé de 70 milliards de dollars, s’il se concrétisait, représenterait un investissement historique dans la reconstruction libyenne.