Ce 20 juin, à Rome, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont co-présidé un sommet consacré à l’accélération du plan Mattei. L’initiative, portée par l’Italie et soutenue par l’Union européenne, vise à soutenir le développement de plusieurs pays africains tout en freinant l’immigration clandestine vers l’Europe.
Réunis à la Villa Pamphili, les responsables européens ont cherché à articuler le plan Mattei avec le Portail mondial, la stratégie d’investissement externe de l’UE. Le plan Mattei, du nom d’Enrico Mattei, fondateur de l’ENI, prévoit des projets dans l’éducation, la santé et l’accès à l’eau. De son côté, le Portail mondial cible les transitions énergétique, numérique et écologique dans les pays émergents, avec l’ambition de proposer une alternative aux Nouvelles routes de la soie promues par Pékin.
Initialement centré sur neuf pays africains, dont l’Algérie, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, ou encore le Maroc, le plan Mattei s’élargit désormais à cinq nouveaux États : l’Angola, le Ghana, la Mauritanie, le Sénégal et la Tanzanie. Cette expansion traduit une volonté d’ancrer durablement la coopération euro-africaine sur des bases économiques solides et stratégiques.
Le sommet devrait aboutir à des engagements concrets, notamment dans le secteur des infrastructures. L’un des projets phares évoqués est la réhabilitation du corridor de Lobito, un axe ferroviaire reliant l’Angola à la Zambie via la RDC, avec une potentielle extension vers le port tanzanien de Dar es Salaam. Ce projet illustre l’ambition italienne d’être un acteur de la connectivité régionale, dans une logique gagnant-gagnant.
Au-delà des considérations migratoires ou économiques, ce sommet s’inscrit dans une dynamique géopolitique plus large. L’Europe entend affirmer une présence plus visible sur le continent africain, à contre-courant de la domination croissante de la Chine. Rome mise sur une diplomatie du développement pour établir un partenariat d’égal à égal, mais reste confrontée à la complexité des réalités locales et aux attentes fortes de ses interlocuteurs africains.
La participation des chefs d’État africains et des dirigeants de grandes institutions financières souligne l’intérêt que suscite ce partenariat. Mais pour Rome comme pour Bruxelles, la crédibilité du plan dépendra de sa mise en œuvre effective. Au-delà des promesses, les partenaires africains attendent des résultats tangibles et rapides, dans un contexte où la défiance à l’égard des promesses occidentales reste vive.