Réunis à La Haye, les dirigeants des 32 pays membres de l’OTAN abordent ce mercredi un sommet hautement sensible, marqué par la posture imprévisible de Donald Trump et les incertitudes stratégiques liées à la guerre en Ukraine. La présence du président américain, toujours influent malgré la défiance qu’il inspire à certains alliés, pèse lourd sur les équilibres internes de l’Alliance. L’enjeu : préserver l’unité face aux menaces extérieures, tout en rassurant sur l’engagement réel des États-Unis.
Souriant et détendu devant la presse, Trump s’est montré affable, mais évasif sur les engagements concrets. S’il a salué ses relations avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, il a maintenu le flou sur la fameuse clause de défense mutuelle — l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord. Les Européens, eux, ont mis les formes : messages de soutien sur la scène internationale, sommet écourté à son goût, et surtout, une promesse d’augmentation massive des budgets militaires, en réponse à ses exigences répétées.
Ce regain de diplomatie a lieu dans un contexte où l’OTAN tente de contenir les effets délétères de la guerre en Ukraine et la montée en puissance de la Russie. L’unité de l’Alliance repose encore largement sur la crédibilité du soutien américain. Or, depuis son retour sur la scène, Trump n’a jamais cessé d’émettre des signaux contradictoires : dur avec l’Iran, conciliant avec Moscou, flou sur les engagements multilatéraux. Pour les pays baltes ou la Pologne, ce flou stratégique entretient une insécurité croissante.
Le communiqué final du sommet, déjà rédigé, devrait être concis et ferme : la Russie y serait désignée comme menace directe. Une formulation qui contenterait les Européens. En contrepartie, ces derniers ont accepté d’augmenter leurs dépenses de défense jusqu’à 5 % du PIB. Toutefois, aucun calendrier précis n’a été arrêté, et certains pays comme l’Espagne ou la Slovaquie traînent encore des pieds. Trump, lui, pourra se targuer d’un succès symbolique en matière budgétaire, sans véritable engagement concret.
La rencontre attendue entre Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait constituer l’un des moments les plus scrutés du sommet. Kiev espère arracher de nouvelles sanctions contre Moscou et davantage de soutien militaire. Mais les relations personnelles entre les deux hommes restent fragiles, depuis une vive altercation quatre mois plus tôt. L’échec de la médiation américaine entre l’Ukraine et la Russie reste dans tous les esprits, renforçant l’idée d’une diplomatie américaine peu fiable dans la durée.
Derrière les apparences d’unité affichées à La Haye, ce sommet révèle les fissures grandissantes au sein de l’OTAN. L’avenir de l’Alliance semble suspendu aux humeurs d’un président américain aux positions changeantes, tandis que l’Europe tente tant bien que mal de s’organiser pour compenser ses doutes. L’équilibre stratégique demeure précaire, et les prochaines semaines diront si ces promesses budgétaires et cette rhétorique d’unité suffisent à contenir les tensions internes et externes.