Selon une étude de BloombergNEF, construire en RDC une usine de 10 000 tonnes destinée à produire des matériaux pour batteries électriques reviendra environ trois fois moins cher qu’en Chine et environ deux fois moins cher qu’en Pologne, pays membre de l’UE.
La RDC et l’Union européenne ont annoncé ce week-end leur engagement à lancer des négociations en vue de conclure un partenariat stratégique sur la chaîne de valeur responsable des minéraux critiques. Il s’agira à terme d’aider le pays d’Afrique centrale, riche en lithium et en cobalt notamment, à concrétiser son ambition d’être au centre de la production régionale de batteries électriques.
Selon le communiqué de presse rendu public le samedi 4 mars, au cours du « Forum économique de Kinshasa », le protocole d’accord issu des négociations sera « gagnant-gagnant ». Il devrait permettre à la RDC de bénéficier d’investissements dans l’exploitation et la transformation de ses minéraux critiques, et soutiendra l’objectif de l’Europe d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Pour y arriver, le Parlement européen a voté en juin dernier la fin des ventes de voitures thermiques (diesel, essence) neuves dans l’UE dès 2035, ce qui acte leur remplacement par des voitures électriques. L’Europe cherche donc à diversifier ses approvisionnements en métaux indispensables à la production de ces véhicules électriques, notamment le lithium, le cobalt et le cuivre.
Or, toutes ces ressources sont disponibles abondamment en RDC. Le pays fournit en effet 70 % du cobalt utilisé dans le monde, fait partie des cinq premiers producteurs de cuivre et se prépare à exploiter ses importantes ressources de lithium. Seulement, Kinshasa ne veut plus se contenter des revenus liés à l’extraction et veut mettre en place une stratégie de transformation locale et de production de matériaux pour véhicules électriques.
Selon une étude de BloombergNEF publiée en novembre 2021, c’est une ambition tout à fait réaliste, non seulement à cause de la disponibilité des matières premières, mais aussi de la compétitivité d’une éventuelle production congolaise par rapport à d’autres pays.
Par exemple, la RDC peut investir 39 millions $ pour construire une usine de précurseurs de cathodes (utilisés dans les batteries électriques, Ndlr) de 10 000 tonnes, soit un coût environ trois fois moindre que celui d’une usine similaire en Chine (112 millions $) et près de deux fois moins cher que dans un pays membre de l’UE comme la Pologne (65 millions $).
« Les matières premières des batteries sont, dans la plupart des cas, importées en Chine depuis l’Afrique et raffinées avant d’être exportées vers l’Europe. Les constructeurs automobiles européens peuvent réduire leurs émissions en raccourcissant la distance de transport, en tirant profit du réseau hydroélectrique de la RDC et de la proximité des matières premières », explique Kwasi Ampofo, principal auteur du rapport.
Agence ecofin