Un groupe d’ONG européennes, appelé Eurac, demande à l’Union européenne d’annuler un accord signé en 2024 avec le Rwanda sur l’exploitation des minerais. Ces organisations accusent l’UE d’avoir une attitude incohérente, car elle condamne le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) tout en collaborant économiquement avec Kigali, soupçonné de soutenir le groupe armé M23.
Le réseau Eurac, qui comprend des ONG comme le Secours catholique et Terre Solidaire, critique deux décisions majeures de l’UE. D’abord, la signature d’un accord avec le Rwanda pour l’importation de minerais, qui sont essentiels pour l’industrie technologique. Ensuite, l’octroi de 20 millions d’euros à l’armée rwandaise en 2023, malgré les accusations de l’ONU affirmant que Kigali aide le M23. Selon Eurac, ces décisions aggravent les tensions et compliquent la résolution du conflit.
Depuis plusieurs années, des rapports indiquent que le Rwanda soutient le M23, un groupe armé qui combat dans l’est de la RDC. Des pays occidentaux et l’ONU ont demandé au Rwanda d’arrêter toute implication militaire. Pourtant, l’UE, tout en condamnant cette situation, continue de collaborer avec Kigali pour son approvisionnement en minerais stratégiques. Cette position ambiguë suscite de nombreuses critiques.
Face aux critiques, plusieurs organisations demandent la suspension immédiate de l’accord minier avec le Rwanda. Alina Garkova, directrice d’Eurac, s’interroge sur l’utilisation des fonds alloués à Kigali et craint qu’ils ne servent à financer le M23. Selon elle, l’UE risque d’être perçue comme complice du conflit en cours si elle ne prend pas de mesures concrètes.
Le 30 janvier, plusieurs gouvernements européens ont exprimé leur désaccord avec la politique du Rwanda. La France a demandé au Rwanda de retirer immédiatement ses forces de la RDC et a appelé le M23 à abandonner les territoires occupés. De son côté, le Premier ministre belge Alexander De Croo a rappelé l’importance de respecter l’intégrité territoriale de la RDC. Ces déclarations renforcent la pression sur Bruxelles pour revoir sa politique envers Kigali.
Sous la pression des ONG et de certains États membres, l’Union européenne pourrait être contrainte de revoir sa politique. Une suspension de l’accord avec le Rwanda ou l’instauration de règles plus strictes sur la traçabilité des minerais sont des options possibles. En attendant, la société civile continue d’exiger des actions concrètes pour éviter que l’Europe ne favorise, directement ou indirectement, la poursuite du conflit en RDC.