Cette doléance a été présentée au nouveau Représentant-résident de l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) au Cameroun, le Dr Justin Koffi, lors de sa visite de travail effectuée dans le site de réfugiés de Gado- Badzéré, Région de l’Est, le 08 septembre dernier.
« À peine arrivée à Garoua-Boulaï en 2014, du fait de la guerre qui sévit en République Centrafricaine, j’ai été violée, par un inconnu. Profitant de l’absence de ma mère, sortie pour chercher de la nourriture, vers 18 heures, mon bourreau s’est introduit dans notre domicile et a commis son forfait. Agée de huit (08) ans au moment des faits, je ne pouvais me défendre », raconte la jeune AWA Ousmane, vivant dans le site de réfugiés de Gado- Badzéré, les larmes coulant sur les joues et la voix tremblante. Huit (08) ans plus tard, la victime garde présents des souvenirs des moments difficiles qu’a connu sa famille après cet acte ignoble. « Ma mère et moi avons été longtemps stigmatisées, il lui était quasiment impossible de se rendre au champ, j’évitais les lieux de forte fréquentation. Même rendue dans le site, ma mère ne sortait pas de la maison, elle était malade en permanence, nous pleurions en longueur de journées et essuyions le rejet des autres membres de la communauté », relate l’adolescente de seize ans. En outre, ce témoignage met en exergue la situation vécue par de nombreuses filles et femmes dans le site de réfugiés de Gado- Badzéré. Ces atrocités sont commises dans des brousses, dans des endroits isolés et aux heures nocturnes. Dans la plupart de cas, les violeurs attaquent leur victime au champ, pendant qu’elles recherchent de la pitance pour la famille.
Face aux dénonciations, les organismes humanitaires présents sur le site accompagnent les victimes dans leur prise en charge immédiate. « Lors des descentes des relais du partenaire (le Fonds des Nations Unies pour la Population ndlr) dont l’une des actions phares se focalise sur la lutte contre les Violences basées sur le genre, les cas recensés sont suivis promptement. Ils sont orientés vers le Centre de santé pour un bilan médical et pour une prise en charge médicamenteuse, en cas de besoin, avant 72 heures, afin de prévenir d’éventuelles infections », mentionne Mohamat Fanne Zara, porte –parole des femmes réfugiées. Toutefois, les victimes ne dénoncent pas systématiquement leur bourreau, par peur de représailles ou de la stigmatisation. L’une des solutions à ce problème réside dans l’autonomisation des femmes et dans la création d’activités génératrices de revenu. « Nous souhaitons que l’UNFPA crée des centres de formation sur le site, pour offrir des métiers aux jeunes filles et aux jeunes femmes. De même que l’équipement des structures existantes facilitera l’autonomisation d’un nombre plus important de femmes », plaide la porte –parole des femmes réfugiées.
Pour l’heure, les relais communautaires, partenaires du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) se penchent sur la sensibilisation pour prévenir les Violences Basées sur le Genre (VBG), les mariages précoces et pour promouvoir l’éducation sexuelle de la Jeune fille. « Au départ les filles traumatisées s’appuyaient sur la sexualité pour s’affirmer. Néanmoins, l’action des communautaires inversent progressivement la tendance en mettant l’accent sur l’instruction et sur la formation aux petits métiers », explique FANNE ZARA, relais communautaire, qui souhaite que l’UNFPA les appuie davantage en médicaments contraceptifs à distribuer aux jeunes filles.
Emeline NNANG