Pour la première fois dans l’histoire des relations entre Madagascar et l’Union européenne, le gouvernement malgache a officiellement demandé le départ d’Isabelle Delattre, l’ambassadrice de l’UE sur l’île. Cette demande, révélée par Africa Intelligence et confirmée par les autorités malgaches, intervient après plusieurs prises de position publiques de la diplomate, jugées déplaisantes par le président Andry Rajoelina.
L’élément déclencheur de cette demande semble être la récente conférence de presse donnée par l’ambassadrice Delattre, au cours de laquelle elle a critiqué la loi récemment approuvée par la Haute cour constitutionnelle malgache autorisant la castration chirurgicale pour les auteurs de viols. Elle a également exprimé sa frustration quant à la gestion des fonds d’entretien routier de l’île, malgré le soutien financier européen.
Depuis son arrivée à Madagascar en septembre 2022, Isabelle Delattre s’est distinguée par sa franchise, abordant des sujets sensibles tels que l’évasion fiscale et le suivi des recommandations post-élections de 2018. Ses commentaires ont souvent irrité le gouvernement malgache, menant à une tension croissante entre les deux parties.
La demande de remplacement de l’ambassadrice est actuellement à l’étude à Bruxelles. L’Union européenne reconnaît une rupture de confiance rendant la collaboration difficile. La délégation européenne à Madagascar a indiqué que le départ de Delattre est désormais une question de modalités, prévu pour l’hiver austral.
La situation soulève des questions sur les attentes envers les ambassades et les implications d’un tel départ, tant politiques que financières. Des sources diplomatiques européennes soulignent leur intention de maintenir de bonnes relations avec Madagascar, tout en avertissant des conséquences inévitables de cette crise.
Cette affaire met en lumière les défis diplomatiques et les tensions sous-jacentes entre Madagascar et ses partenaires internationaux. Alors que Madagascar cherche à préserver sa souveraineté et à gérer ses affaires internes, l’Union européenne est confrontée au défi de soutenir ses valeurs tout en respectant les prérogatives nationales. Le départ annoncé de l’ambassadrice ouvre une période d’incertitude quant à l’avenir des relations bilatérales, avec l’espoir latent d’un renouveau basé sur le respect mutuel et la compréhension.