Le sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se tiendra à Antananarivo, le 17 août 2025. Cependant, cet événement majeur est déjà marqué par des tensions politiques internes. Deux anciens présidents, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, ont vivement critiqué la tenue de ce sommet dans le climat actuel de la Grande Île. Selon eux, la situation politique et économique du pays se détériore et va à l’encontre des principes fondateurs de la SADC.
Les anciens dirigeants malgaches ne sont pas les seuls à pointer du doigt les défaillances du régime actuel. Dans un communiqué commun, ils accusent la gestion d’Andry Rajoelina de ne pas garantir une indépendance réelle de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), un organe crucial pour la régularité des élections. Par ailleurs, ils dénoncent une répression des manifestations pacifiques et soulignent que 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, créant une crise sociale inquiétante. Selon eux, organiser un sommet international dans de telles conditions risquerait de nuire à la crédibilité de la SADC.
Le climat politique à Madagascar est tendu depuis plusieurs années. Depuis l’élection de Rajoelina en 2019, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour dénoncer des dérives autoritaires et la mauvaise gestion des affaires publiques. La crise économique, exacerbée par la pauvreté endémique et des inégalités croissantes, alimente également un mécontentement général. Cette situation contraste avec les principes de la SADC, qui prône la stabilité démocratique et le développement économique. Ainsi, la tenue du sommet dans ce contexte est perçue comme un signal contradictoire.
Le sommet du 17 août devrait marquer un tournant pour Madagascar, puisque le pays assumera pour la première fois la présidence tournante de la SADC. Mais cette opportunité est menacée par les critiques internes qui risquent de ternir l’image du pays sur la scène internationale. En dépit des déclarations de Rajoelina, qui insiste sur le caractère historique de cet événement pour Madagascar, la communauté internationale pourrait se montrer réticente à reconnaître la légitimité d’un sommet dans un contexte aussi polarisé. La SADC devra faire face à une situation délicate, où les aspirations à la paix et au développement risquent de se heurter à des tensions internes.
Les critiques des anciens présidents rappellent l’importance pour la SADC de respecter ses principes fondamentaux de bonne gouvernance et de démocratie. La crédibilité de l’organisation sera mise à l’épreuve si elle choisit de fermer les yeux sur la situation politique à Madagascar, sous prétexte de maintenir l’ordre établi. Les enjeux sont d’autant plus importants qu’une telle décision pourrait avoir des répercussions sur la crédibilité de la SADC dans ses autres pays membres, et nuire à son rôle en tant qu’acteur régional clé.
Le sommet de la SADC à Madagascar pourrait être un moment charnière pour le pays et pour l’organisation régionale. Si la situation interne n’est pas résolue, l’événement pourrait davantage accentuer les tensions que d’apporter des solutions concrètes. Il reste à voir si les dirigeants de la SADC sauront prendre des décisions équilibrées qui préserveront à la fois la stabilité de la région et la légitimité de leurs actions.