Le chef du Front patriotique pour la libération (FPL), Mahmoud Sallah, a été arrêté le 23 février 2025 dans la ville libyenne de Qatrun, située près de la frontière avec le Niger. L’opération a été menée par les forces du maréchal Khalifa Haftar, qui ont également capturé cinq autres membres de son mouvement. Cette arrestation représente un revers significatif pour le FPL, un groupe rebelle formé après le coup d’État de juillet 2023 au Niger, qui milite pour le retour à l’ordre constitutionnel et la libération de l’ex-président Mohamed Bazoum.
Le FPL avait récemment perdu de sa vigueur, notamment à la suite de la reddition de plusieurs de ses combattants. La capture de Mahmoud Sallah, un des leaders les plus emblématiques du mouvement, marque un tournant dans la dynamique de la rébellion. Ce groupe, qui avait revendiqué des attaques telles que celle contre un pipeline reliant le Niger au Bénin, se trouve aujourd’hui dans une position plus fragile. La perte de son leader pourrait signifier une désorganisation supplémentaire et un affaiblissement de ses capacités à mener des actions militaires.
L’arrestation de Mahmoud Sallah s’inscrit dans un contexte complexe, marqué par des tensions géopolitiques croissantes entre le Niger et l’Est libyen. En novembre 2024, Sallah avait été déchu de sa nationalité nigérienne par la junte au pouvoir à Niamey, renforçant ainsi l’isolement politique du FPL. D’autre part, la relation entre le Niger et les forces du maréchal Haftar a évolué ces derniers mois, notamment avec l’influence grandissante des généraux Saddam et Khaled Haftar, fils du maréchal, dans la conduite des opérations militaires.
La question de l’avenir de Mahmoud Sallah reste ouverte. Bien qu’il ait été arrêté en Libye, une éventuelle extradition vers le Niger par les forces de Haftar est encore incertaine. Cette situation soulève des enjeux diplomatiques importants, notamment en ce qui concerne les relations entre la Libye, le Niger et la junte au pouvoir. L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions sur la stabilité de la région, notamment dans le contexte d’une coopération renforcée entre les autorités libyennes et le gouvernement nigérien.
Jalel Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute, a souligné que l’arrestation de Sallah pourrait être liée à un événement militaire qui s’est déroulé entre décembre et janvier derniers. En effet, les forces de Haftar ont récemment pris la décision de détruire une brigade importante, la Brigade 128, qui faisait partie de leur coalition depuis 2016. Cette brigade était dirigée par des membres de la tribu Ouled Slimane, à laquelle appartenait également l’ex-président Mohamed Bazoum. L’affaiblissement de cette faction pourrait expliquer la capture de Sallah, qui trouvait jusqu’alors un refuge dans cette région.
L’arrestation de Mahmoud Sallah ne représente pas seulement un revers pour le FPL, mais elle pourrait également modifier les équilibres régionaux. La destruction de la Brigade 128 et l’alignement de certains groupes tribaux sur les intérêts de Haftar marquent une réorganisation des forces en Libye et au Niger. Cette évolution pourrait entraîner de nouvelles tensions dans la région et précipiter une nouvelle phase de la crise au Niger, avec un renforcement des efforts de répression contre les mouvements rebelles. L’incertitude plane quant à la réaction des partisans de Sallah et des autres groupes rebelles du Niger.