La rencontre entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa, ce 21 mai à Washington, s’est déroulée dans un climat tendu, mais sans débordements. Attendu de longue date, cet entretien bilatéral marquait un moment clé dans les relations crispées entre l’Afrique du Sud et les États-Unis depuis le retour de Trump à la Maison Blanche. Malgré les divergences, le président sud-africain s’est voulu rassurant, affirmant que les échanges ont été « très bons » et exprimant l’espoir que Trump assiste au sommet du G20 prévu en novembre à Johannesburg.
L’atmosphère était tendue, mais les deux dirigeants sont restés courtois lors de leur face-à-face dans le Bureau ovale. Après les salutations d’usage, Donald Trump a diffusé des vidéos polémiques montrant des appels à la violence contre les Blancs, ainsi que des images de tombes de fermiers, affirmant qu’il s’agissait de victimes d’un « génocide » ignoré par Pretoria. En réponse, Cyril Ramaphosa a fermement nié tout soutien à ces discours de haine, expliquant que les mouvements concernés ne faisaient pas partie de sa coalition. Il a aussi réfuté l’idée d’expropriations sans compensation et a dénoncé une criminalité généralisée qui touche toutes les communautés, appelant à une coopération renforcée avec Washington pour y faire face.
La rencontre intervient dans un contexte de vives tensions diplomatiques. En mars, Donald Trump avait expulsé l’ambassadeur sud-africain à Washington. Quelques semaines plus tard, une cinquantaine d’Afrikaners avaient quitté le pays à l’invitation du président américain, qui affirme — sans preuve — que les Blancs sont victimes d’un « génocide » en Afrique du Sud. Ces accusations, largement contestées, ont été vivement critiquées à Pretoria. Pourtant, les deux pays entretiennent des relations commerciales solides : les États-Unis restent le deuxième partenaire économique de l’Afrique du Sud, derrière la Chine.
Au-delà de la polémique, Cyril Ramaphosa a tenté de recentrer le dialogue sur les enjeux de coopération. Il a plaidé pour un soutien américain accru dans la lutte contre la criminalité, via un appui technologique et des investissements économiques. L’objectif affiché est de relancer un partenariat équilibré avec Washington, malgré les tensions actuelles. Ramaphosa espère également convaincre Trump de participer au G20 de Johannesburg, un sommet historique pour le continent africain.
Conscient des sensibilités américaines sur la question raciale en Afrique du Sud, Ramaphosa est venu à Washington avec une délégation reflétant la diversité du pays. Il était notamment accompagné de John Steenhuisen, ministre de l’Agriculture et Afrikaner, chargé de défendre la politique foncière du gouvernement. Pour adoucir l’atmosphère, deux célèbres golfeurs sud-africains, Ernie Els et Retief Goosen, faisaient également partie du voyage, un clin d’œil habile à la passion bien connue de Trump pour ce sport.
Cette rencontre n’a pas dissipé toutes les tensions, mais elle marque un pas vers un dialogue plus ouvert entre Pretoria et Washington. L’Afrique du Sud devra continuer à défendre son image sur la scène internationale, alors que les propos de Trump sur les questions raciales alimentent des perceptions biaisées. Pour Ramaphosa, l’enjeu est double : apaiser les tensions diplomatiques tout en consolidant un partenariat stratégique avec la première puissance mondiale.