Le 15 avril 2025, les autorités maliennes ont procédé à la fermeture du siège de Barrick Gold à Bamako, marquant un nouvel épisode dans un différend fiscal prolongé entre l’État malien et la multinationale minière canadienne. Cette décision intervient après plusieurs mois de tensions sur des arriérés fiscaux que le gouvernement malien reproche à la société. Bien que les opérations minières à Loulo-Gounkoto, l’un des principaux complexes miniers du pays, restent suspendues depuis janvier, elles ne sont pas directement affectées par cette fermeture.
Le différend entre Barrick Gold et le Mali remonte à 2023, suite à l’adoption d’un nouveau code minier par le gouvernement malien. Cette législation renforce la part de l’État dans les projets miniers, notamment en augmentant la participation publique dans les bénéfices issus des ressources naturelles. Barrick Gold, dont le siège est à Toronto, a contesté certaines dispositions de ce cadre législatif. La situation a dégénéré en janvier 2025 lorsque le gouvernement malien a saisi près de trois tonnes d’or, représentant une valeur d’environ 245 millions de dollars, qu’il estime liées à des obligations fiscales non respectées par l’entreprise.
En février 2025, un accord semblait avoir été conclu entre Barrick Gold et l’État malien, visant à résoudre le différend. Selon les termes rapportés par Reuters, Barrick devait payer 275 milliards de francs CFA (environ 438 millions de dollars) en contrepartie de la restitution de l’or saisi, de la libération d’employés et de la reprise des exportations et opérations minières. Cependant, Barrick a signalé que la mise en œuvre de cet accord avait été retardée par des blocages internes au sein de l’administration malienne, causés par des considérations personnelles et politiques. Le gouvernement malien n’a pas fourni d’explication officielle à ce retard.
Malgré cet accord, le siège de Barrick Gold à Bamako a été fermé par les autorités maliennes. Dans un communiqué, Barrick a confirmé que ses bureaux avaient été fermés, mais a exprimé sa volonté de respecter l’accord signé en février. L’entreprise indique qu’elle est prête à reprendre ses activités minières dès que les conditions seront réunies. Cependant, elle déplore que son personnel à Bamako n’ait plus accès à ses bureaux et que des transferts vers d’autres sites, notamment en République Démocratique du Congo, aient déjà commencé.
Le conflit entre Barrick Gold et le Mali s’inscrit dans un contexte régional plus large où de nombreux États africains, notamment au Sahel, cherchent à renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles et à maximiser leurs revenus issus de l’exploitation minière. Ce phénomène, souvent désigné comme un “nationalisme des ressources”, reflète une volonté croissante des gouvernements africains de récupérer une part plus importante des bénéfices générés par les industries extractives. Dans ce contexte, le Mali, sous l’égide d’un gouvernement de transition issu des coups d’État de 2020 et 2021, a mis en place une série d’initiatives pour renforcer sa souveraineté économique, avec un accent particulier sur le secteur minier.
Les discussions entre Barrick Gold et le gouvernement malien se poursuivent, et une issue pourrait se dessiner dans les jours à venir. Toutefois, aucune confirmation officielle n’a été apportée quant à la date de reprise des négociations ou de la normalisation des activités. Ce bras de fer met en lumière la fragilité du climat des affaires au Mali, un pays dont l’économie dépend largement des exportations aurifères. La résolution de ce conflit aura des conséquences importantes pour l’avenir des investissements étrangers dans le secteur minier malien.