La décision a été annoncée ce jeudi 22 décembre dans un communiqué du Cadre stratégique permanent (CSP) qui rassemble la totalité des groupes armés du Nord signataires de l’accord d’Alger en 2015. Ces groupes dénoncent « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition » à appliquer un accord qui semble plus menacé que jamais. Ils suspendent leur participation aux instances de suivi de l’accord tant qu’une réunion d’urgence avec le gouvernement malien « en terrain neutre » n’est pas organisée.
Depuis 2015, la mise en œuvre de l’accord de paix a connu de nombreux blocages, mais cette suspension en forme d’ultimatum de la part des groupes armés signataires marque une nouvelle étape, et peut-être cruciale.
Les ex-rebelles indépendantistes de la CMA demandent depuis deux semaines une réunion d’urgence « en terrain neutre », comprendre en Algérie où cet accord avait été négocié, ou ailleurs, mais pas au Mali. Ils sont à présent rejoints par les groupes dits « loyalistes » de la Plateforme, qui ont toujours défendu l’unité du Mali.
Dégradation des relations avec Bamako
Tous estiment que les autorités maliennes de transition ne sont pas suffisamment engagées dans l’application de l’accord de paix et attendent des actes concrets de Bamako sur le processus de désarmement des groupes signataires et l’intégration de leurs cadres militaires dans la hiérarchie de l’armée malienne reconstituée, pour ne citer que la dernière pierre d’achoppement.
Plus globalement, les groupes armés déplorent la dégradation de leurs relations, depuis deux ans, avec les autorités maliennes de transition et questionnent clairement la volonté réelle de Bamako de maintenir l’accord de paix en vie. D’où cette demande de réunion d’urgence, censée mettre toutes les parties devant leurs responsabilités.
Il y a une semaine, par communiqué, la médiation internationale n’avait pas exclu la possibilité d’une telle réunion, sans non plus l’encourager. Il revient à l’Algérie, son chef de file, de « prendre les initiatives nécessaires. »
« Mise en œuvre intelligente »
L’impasse actuelle pourrait-elle conduire à une reprise des armes ? C’est évidemment la conséquence, à terme, la plus concrète à redouter.
Malgré les sollicitations de RFI auprès du ministère de la Réconciliation nationale et du porte-parole du gouvernement, Bamako n’a pas souhaité réagir, ni à la demande de réunion en terrain neutre, ni à cette suspension de la participation des groupes armés aux mécanismes de suivi de l’accord.
Les autorités maliennes de transition ont toujours officiellement affirmé leur implication dans l’accord, quitte à envisager une « relecture » ou une « mise en œuvre intelligente. »