L’ancien Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été placé sous mandat de dépôt par la Cour suprême le 19 août, après une semaine de garde à vue au Pôle national économique et financier de Bamako. Il est poursuivi pour des soupçons d’atteinte aux biens publics liés à sa gestion de la Primature et du Fonds d’accès universel (AGEFAU).
Selon son avocat, Me Cheick Oumar Konaré, cette décision fait suite à une audition le 1er août et à plusieurs jours d’investigations. Les enquêteurs s’intéressent à des dépenses jugées irrégulières, notamment des frais de mission atteignant jusqu’à 15 millions de FCFA pour une seule cérémonie, ainsi qu’à des dépenses non justifiées au sein de l’AGEFAU. L’ancien chef du gouvernement se dit « serein » face à ces accusations et affirme qu’un homme politique « doit s’attendre à tout, y compris la prison et la mort ».
Cette affaire s’inscrit dans un climat politique marqué par les tensions entre les autorités de transition et leurs opposants. Choguel Maïga, nommé Premier ministre en 2021 après le coup d’État militaire, avait été limogé en novembre 2024, notamment pour ses critiques contre la prolongation de la transition décidée par les militaires au pouvoir. Son arrestation apparaît donc comme l’épisode judiciaire le plus marquant depuis son éviction.
L’incarcération de Maïga ouvre une nouvelle séquence politique et judiciaire au Mali. Si la justice confirme les soupçons de malversations, ce procès pourrait devenir emblématique de la lutte contre la corruption dans un pays régulièrement pointé du doigt pour la mauvaise gouvernance. Mais il pourrait aussi être perçu comme une manœuvre politique destinée à affaiblir une figure critique de la transition.
Avant son placement en détention, l’ancien Premier ministre avait été entendu avec plusieurs collaborateurs, dont son ex-directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, âgé de 80 ans, ainsi que trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature. Tous sont poursuivis dans le même dossier, mais seul Maïga a été placé en détention, ce qu’il dit considérer comme un « soulagement » pour son ancien collaborateur âgé.
L’origine de l’affaire remonte à un rapport du Bureau du Vérificateur général (BVG), qui avait mis en lumière des irrégularités financières dans la gestion des fonds publics. Ce rapport, largement commenté au Mali, alimente depuis plusieurs mois le débat sur l’usage des deniers publics par les responsables politiques, et met en exergue la faiblesse des mécanismes de contrôle et de transparence au sein de l’État.