Le président de la Transition malienne, le général Assimi Goïta, a reçu le 17 juin à Bamako le ministre angolais des Relations extérieures, Tété António, porteur d’un message du président João Lourenço, actuel président en exercice de l’Union africaine. Cette visite marque une nouvelle tentative de l’organisation panafricaine pour renouer un dialogue politique avec les autorités de transition et encourager un retour à l’ordre constitutionnel.
Mandaté par João Lourenço, également champion de l’UA pour la paix et la réconciliation, Tété António a exprimé la solidarité de l’Union face à l’insécurité persistante dans le Sahel, tout en insistant sur l’importance du respect des engagements politiques. Il a souligné que la stabilité du Mali est un enjeu continental, et que la coopération entre États membres reste essentielle pour faire face aux crises régionales.
Depuis le coup d’État d’août 2020 suivi d’un second en mai 2021, le Mali est dirigé par des militaires qui ont promis une transition mais peinent à tenir leurs engagements. L’Union africaine avait suspendu le pays de ses organes décisionnels, dénonçant une rupture de l’ordre constitutionnel. Aujourd’hui, sans renier ses principes, elle privilégie une approche pragmatique mêlant écoute, médiation discrète et pression politique.
Si Tété António s’est abstenu de commenter publiquement le projet de révision de la Charte de la Transition – qui introduirait un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable – il a rappelé la nécessité de respecter les textes en vigueur et de maintenir le dialogue. Ce message sous-entend une mise en garde contre toute dérive autoritaire ou tentative de pérennisation du pouvoir militaire.
La rencontre a aussi permis de réactiver des liens historiques entre le Mali et l’Angola. Le chef de la diplomatie angolaise a salué la solidarité passée de Bamako dans les luttes d’indépendance de l’Afrique australe. Il a également rendu hommage à Alioune Blondin Bèye, ancien diplomate malien et artisan de paix, récemment honoré à Luanda.
En rappelant le principe de « non-indifférence », Tété António a affirmé que les États africains ont le devoir d’intervenir face aux dérives de leurs voisins. Ce positionnement marque une volonté de l’UA de s’imposer comme acteur central dans la résolution des crises africaines, en trouvant un équilibre entre souveraineté nationale, sécurité et exigences démocratiques.