L’ancien Premier ministre malien Moussa Mara a été condamné, lundi 27 octobre 2025, à deux ans de prison, dont un an ferme, pour « atteinte au crédit de l’État » et « opposition à l’autorité légitime ». Le verdict, rendu par le Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako, marque un tournant dans la relation entre le pouvoir militaire et les voix politiques critiques au Mali.
Poursuivi pour des déclarations diffusées sur le réseau social X, Moussa Mara est accusé d’avoir publiquement exprimé son soutien à des figures politiques et de la société civile incarcérées par les autorités. Selon le parquet, ces publications portaient atteinte à l’image et à la légitimité de l’État. L’ancien chef du gouvernement, qui a plaidé sa bonne foi, est détenu depuis le 1er août 2025 à la suite de son inculpation par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité.
Premier ministre entre 2014 et 2015 sous Ibrahim Boubacar Keïta, Moussa Mara s’était reconverti dans la société civile après son passage au gouvernement. Sa condamnation intervient dans un contexte où la junte au pouvoir, installée depuis le coup d’État de 2021, resserre son contrôle sur la parole publique et multiplie les poursuites contre les opposants et les voix dissidentes. Plusieurs figures politiques, journalistes et activistes ont déjà fait l’objet d’arrestations ou d’intimidations similaires.
Le parquet avait requis deux ans d’emprisonnement contre l’ancien Premier ministre, et ses demandes de liberté provisoire, déposées par son avocat Me Mountaga Tall, ont été systématiquement rejetées. Pour de nombreux observateurs, cette affaire illustre la fragilité de l’indépendance judiciaire dans un Mali dirigé par des militaires qui se disent pourtant garants de la souveraineté nationale. Les soutiens de Mara dénoncent un procès politique visant à faire taire toute contestation.
La défense dispose encore d’un délai légal pour interjeter appel. Selon son entourage, Moussa Mara entend contester cette décision qu’il juge « injuste et contraire aux principes démocratiques ». Son camp espère mobiliser l’opinion nationale et internationale afin de dénoncer ce qu’il considère comme une atteinte aux libertés fondamentales. Cette affaire pourrait raviver le débat sur la place du pluralisme politique dans le Mali de la transition.



