Le 20 mars, neuf partisans de l’imam Mahmoud Dicko ont comparu devant le tribunal de la Commune 5 de Bamako. Ces derniers avaient été arrêtés lors de la journée où l’imam devait faire son grand retour au Mali, le 14 février dernier. Si le retour de l’imam a été annulé en raison de son exil prolongé en Algérie, ces partisans ont tout de même été incarcérés et poursuivis pour « attroupement illégal ».
Le procès a vu la défense des accusés plaider leur relaxe, en soulignant qu’aucune interdiction officielle n’avait été émise concernant l’accueil prévu à l’aéroport. Leur avocat a insisté sur le fait qu’ils avaient informé le gouvernorat de Bamako de leur projet sans recevoir de réponse formelle ou de notification d’interdiction. Malgré cette absence de communication officielle, les partisans de l’imam Dicko ont été poursuivis pour avoir tenté de se rassembler pour soutenir leur leader spirituel.
L’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali, est une figure incontournable du paysage politique malien. Depuis plusieurs années, il s’oppose fermement au gouvernement de transition dirigé par les autorités militaires. En exil depuis plus d’un an en Algérie, il demeure une figure de proue pour ses partisans, qui continuent de dénoncer ce qu’ils considèrent comme un régime répressif. L’annulation de son retour a exacerbé les tensions entre le pouvoir malien et ses opposants.
Le jugement dans cette affaire est attendu pour le 27 mars prochain, bien que le procureur ait déjà exprimé des avis cléments pour certains accusés. Pour quatre des neuf prévenus, il a lui-même demandé une relaxe, en tenant compte de leur absence de volonté de s’opposer aux autorités. Toutefois, pour cinq autres accusés, la condamnation à un an de prison avec sursis a été requise, ce qui signifierait leur libération immédiate, même en cas de condamnation.
Ce procès s’inscrit dans un climat politique tendu, où les soutiens de l’imam Dicko affirment être victimes d’intimidations continues de la part des services de renseignement maliens. Ces pressions, qui ont culminé avec l’enlèvement temporaire d’un cadre de la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants (CMAS) en février, témoignent d’un climat répressif croissant à l’égard des opposants au pouvoir de transition.
La situation actuelle laisse entrevoir plusieurs pistes pour l’avenir. Si l’imam Dicko parvient à revenir sur la scène politique malienne, ses partisans continuent d’espérer qu’il puisse jouer un rôle central dans les discussions sur la transition démocratique du pays. Toutefois, les tensions actuelles et l’intensification de la répression suggèrent que la voie du dialogue pourrait être semée d’embûches, à moins d’une normalisation des relations entre les autorités et les mouvements d’opposition.