Les Forces armées maliennes (FAMa) ont capturé, samedi 29 juin, un haut responsable de l’État islamique au Sahel (EIS) dans la région de Gao. Abraham Boubacar, connu sous le nom de guerre « Oubel », dirigeait les opérations du groupe dans le secteur stratégique de Tessit. Son arrestation, annoncée le lendemain par l’état-major, constitue une avancée majeure pour le renseignement malien dans un contexte de lutte intense contre les groupes jihadistes.
Selon les autorités, Abraham Boubacar a été arrêté avec dix de ses hommes, ainsi que du matériel, lors d’une opération ciblée menée par les FAMa. En tant que chef du Groupe d’action terroriste (GAT) de l’EIS dans la région, il aurait orchestré plusieurs attaques meurtrières, notamment celle du 5 juin dernier à Tessit, qui a coûté la vie à plus de quarante soldats maliens. Les autorités espèrent tirer un maximum d’informations de cette arrestation pour affaiblir davantage l’organisation jihadiste.
Située à la frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, Tessit est un point névralgique pour les groupes armés. Le secteur est souvent utilisé comme couloir d’infiltration pour les incursions transfrontalières. Depuis plusieurs années, il est régulièrement le théâtre de violences visant à la fois les forces armées et les populations civiles. Le contrôle de cette zone constitue un enjeu stratégique majeur pour Bamako, qui tente de consolider sa souveraineté dans un contexte de retrait des forces étrangères.
Cette arrestation s’inscrit dans une série d’opérations coordonnées contre les cadres de l’EIS. La veille, un autre chef du groupe, surnommé « Abou Dahdah », spécialiste des engins explosifs et figure idéologique du mouvement, avait été neutralisé près de Ménaka. Ces actions suggèrent une montée en puissance des opérations de ciblage de l’armée malienne, qui tente de désorganiser les structures de commandement ennemies dans la région.
L’état-major a précisé que les prisonniers sont en cours d’identification et que leur intégrité physique serait respectée. Cette communication vise autant à rassurer qu’à souligner l’intérêt des services pour les informations que pourrait livrer « Oubel ». L’objectif est clair : remonter les filières, localiser les caches, déstructurer les cellules actives. Une telle prise vivante est rare et précieuse, à condition d’être exploitée efficacement et rapidement.
Bien que symbolique, cette victoire tactique ne marque pas la fin de la menace. Depuis 2022, l’EIS s’est constitué en « province » officielle de l’État islamique, avec des relais solides dans plusieurs régions du nord et de l’est malien. La résilience du groupe repose en grande partie sur sa capacité à se reconfigurer et à multiplier les fronts. Si la pression militaire s’intensifie, elle devra être accompagnée d’une stratégie politique et sécuritaire cohérente pour avoir un réel impact durable.