Les groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix de 2015, estiment que la partie gouvernementale n’est pas suffisamment engagée dans l’application de cet accord. Ils demandent depuis le 10 décembre une réunion « en terrain neutre », hors du Mali.
L’Algérie, cheffe de file de la médiation internationale pour l’accord de paix malien, pourrait organiser cette réunion. Depuis plusieurs semaines, les discussions sont intenses entre les différentes parties. Lundi, les ministres maliens de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, et des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, étaient à Alger, où ils ont rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La délégation gouvernementale malienne qui s’est rendue à Alger était porteuse d’un « message » du président de transition, le colonel Assimi Goïta, au président algérien Abdelmadjid Tebboune. Sa teneur n’a pas fuité mais le ministère de la Réconciliation, en charge de l’accord de paix, mentionne dans son communiqué des échanges en vue du « renforcement de la cadence de mise en œuvre de l’accord » de paix.
Les autorités maliennes de transition ont-elles finalement accepté ou définitivement rejeté cette réunion en terrain neutre sollicitée par les groupes armés signataires ? Joints par RFI, les départements de la Réconciliation nationale et des Affaires étrangères n’ont pas précisé. La semaine dernière en tous cas, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra était reparti de Bamako sans leur consentement.
Attaye Ag Mohamed, cadre des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad, en charge de ce dossier pour le Cadre stratégique permanent, qui rassemble tous les groupes armés signataires de l’accord de paix, explique qu’Alger a mis une proposition sur la table : une réunion interne de la médiation internationale à Alger était déjà envisagée, Ramtane Lamamra a offert d’y convier les groupes armés et le gouvernement malien.
Invitation acceptée par les groupes armés. « Même si le gouvernement refuse, nous irons, affirme Attaye Ag Mohamed. Nous voulons que la médiation, garante de l’application de l’accord, prenne ses responsabilités et qu’elle fasse le constat que c’est l’une des parties qui bloque. »
Les relations entre Bamako et les groupes signataires, plus que chaotiques depuis le début de la Transition, sont aujourd’hui au plus mal aucune rencontre officielle n’a plus eu lieu depuis octobre dernier et c’est aujourd’hui une défiance à peine voilée qui prévaut. Fin décembre, les groupes armés ont suspendu leur participation aux instances de suivi.
C’est désormais la survie de l’accord de paix qui est en jeu avec le spectre, en cas d’échec, d’une reprise des hostilités.
rfi