En trois ans, le Maroc a considérablement augmenté la part des énergies renouvelables dans son mix électrique, passant de 37 % en 2021 à plus de 45 % en 2025. L’objectif de 52 % fixé pour 2030 devrait même être atteint dès 2026, a annoncé la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, lors d’une intervention à la Chambre des conseillers, le 18 juin.
Ce progrès rapide est porté par les orientations royales et un afflux d’investissements étrangers attirés par la compétitivité des projets marocains. Des centrales comme Noor Atlas et Noor Midelt produisent aujourd’hui de l’électricité à des coûts variant entre 34 et 42 centimes le kWh, parmi les plus bas du marché, a précisé la ministre. Cette attractivité tarifaire positionne le pays comme un acteur de référence dans le domaine des énergies vertes.
Ces performances s’inscrivent dans la continuité de la stratégie énergétique nationale, lancée dès 2009, et renforcée au fil des années. Pour accompagner cette transition, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a engagé un programme d’investissement sans précédent, doté de 120 milliards de dirhams. L’objectif est double : installer plus de 12 gigawatts de capacité renouvelable et renforcer le réseau électrique sur l’ensemble du territoire.
Une attention particulière est accordée au monde rural, longtemps à la marge des grands chantiers énergétiques. Près de 27 milliards de dirhams seront mobilisés pour étendre les infrastructures électriques aux zones isolées. La ministre a notamment évoqué des projets solaires décentralisés, accompagnés de solutions de stockage, qui ont déjà permis de fournir de l’électricité à environ 1 000 foyers, y compris dans les régions affectées par le séisme d’Al-Haouz.
Le développement simultané de méga-projets et d’initiatives locales traduit une volonté politique claire : asseoir l’indépendance énergétique du Royaume, tout en garantissant une meilleure répartition territoriale des ressources. Cette stratégie intégrée ambitionne également de positionner le Maroc comme un hub énergétique régional, capable d’exporter de l’électricité propre vers l’Europe et l’Afrique de l’Ouest.
Ce tournant marocain dans les renouvelables attire l’attention d’autres pays africains confrontés aux défis de l’électrification et de la transition bas carbone. En combinant incitations politiques, cadre réglementaire stable et ouverture au capital privé, le Maroc esquisse un modèle reproductible, même si la question du financement reste une barrière pour nombre de ses voisins. Reste à confirmer, dans les prochaines années, la durabilité de cette dynamique et sa capacité à résister aux tensions géopolitiques et aux aléas climatiques.