Dans une résolution votée le 19 janvier, le Parlement européen dénonce la situation de la liberté d’expression et des médias Maroc. Ce vote fait suite aux révélations sur une possible corruption d’eurodéputés par le royaume chérifien.
La crise couve entre le Maroc et l’Union européenne. Après la révélation du «Marocgate», et de l’ouverture d’une enquête par la justice belge sur des cas de corruption présumés d’eurodéputés par le royaume chérifien, le Parlement européen a, la semaine dernière, voté une résolution rarissime – la première depuis 1996 concernant le Maroc – dénonçant la situation de la liberté d’expression et de la liberté des médias.
Lundi 23 janvier, le Parlement marocain a décidé de répliquer. Après une réunion en plénière, il a annoncé qu’il allait réévaluer ses relations avec son homologue européen. Mis en cause dans ce « Marocgate », le coprésident marocain de la commission mixte UE-Maroc avait jusqu’ici gardé le silence depuis le début de cette affaire.
Lahcen Haddad avertit lui aussi le Parlement européen, laissant planer la menace d’un retrait marocain de cette commission mixte, et se défend de toute corruption d’eurodéputés.
« Il y a beaucoup d’amalgames, il y a une affaire de corruption de la justice belge et on profite de cette occasion pour essayer de régler des comptes avec le Maroc, affirme-t-il sur RFI. La réponse est venue du Parlement marocain parce que c’est le Parlement européen qui interfère dans le système judiciaire marocain. D’autant plus qu’on est lié par un partenariat entre le Parlement européen et le Parlement marocain ».
« Le Parlement européen devait, aurait dû se réunir avec nous »
« Le Parlement européen devait, aurait dû se réunir avec nous en tant que commission mixte, nous interpeler, parler avec nous sur ce genre de choses, poursuit Lahcen Haddad. La question des journalistes, on peut en parler. Si des amis, si des collègues du Parlement européen ne considèrent pas ces mécanismes comme les mécanismes idoines pour parler de certaines choses comme les droits de l’homme, les droits des journalistes, la question de la corruption, à quoi bon avoir ce genre d’institution ? »
Lahcen Haddad réitère au passage que le Maroc n’a jamais donné de cadeaux ou d’argent à un quelconque eurodéputé pour influencer les débats au Parlement européen. « Depuis que je suis président de la Commission, il n’y a jamais eu ce genre de choses. On est dans le plaidoyer. On peut influencer nos amis, c’est important, assure-t-il. On est dans le lobbying, on est dans le plaidoyer. Nous sommes là dans un travail de construction par rapport à des peines qui sont très importantes aussi bien pour l’Europe que pour le Maroc ».