En Mauritanie, le procureur général a requis une peine de vingt ans de prison en appel à l’encontre de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz. Cette demande survient après sa condamnation initiale à cinq ans de prison, rendue en décembre 2024, dans le cadre d’un procès pour détournement de fonds publics et enrichissement illicite pendant son mandat. L’ancien président est accusé de s’être servi de son pouvoir pour s’enrichir personnellement et exercer des pressions sur des investisseurs.
Mohamed Ould Abdel Aziz est accusé d’avoir amassé une fortune estimée à 67 millions d’euros grâce à son rôle de chef d’État entre 2008 et 2019. Selon le procureur, l’ex-président aurait abusé de ses fonctions pour favoriser des investissements en échange de bénéfices personnels. Ce scandale met en lumière des pratiques de corruption et de blanchiment d’argent, touchant non seulement l’ancien président mais aussi plusieurs anciens ministres et hauts responsables de l’État, ainsi que des dirigeants d’entreprises impliqués dans ce réseau.
L’affaire de corruption contre Mohamed Ould Abdel Aziz s’inscrit dans un contexte politique tendu en Mauritanie. Depuis son départ de la présidence en 2019, l’ancien chef d’État fait l’objet d’enquêtes pour corruption, une situation qui suscite des débats sur la justice en Mauritanie et l’implication de l’État dans de telles pratiques. La société civile et les opposants politiques critiquent la lenteur des procédures judiciaires, tandis que certains acteurs estiment que ces poursuites sont motivées par des raisons politiques.
La peine requise par le procureur, si elle est confirmée en appel, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption en Mauritanie. Le verdict à venir aura non seulement des conséquences directes sur la carrière de l’ex-président, mais aussi sur l’image de la justice dans le pays. Un jugement sévère pourrait renforcer la confiance du public dans les institutions judiciaires, alors que des doutes persistent sur leur indépendance et leur capacité à juger des personnalités de haut rang.
La défense de Mohamed Ould Abdel Aziz réfute fermement les accusations et conteste la procédure judiciaire. Selon ses avocats, seule la Haute Cour de Justice mauritanienne, compétente pour juger un ancien président, devrait être habilitée à se prononcer dans cette affaire. Ce point de droit soulève un débat important sur l’équité et la transparence du système judiciaire, certains affirmant que les poursuites pourraient être politisées.
Des experts en gouvernance et des observateurs politiques soulignent que l’affaire Ould Abdel Aziz est révélatrice de pratiques de corruption endémiques dans certains secteurs économiques en Mauritanie. Pour certains analystes, ce procès pourrait être l’occasion d’instaurer des réformes judiciaires visant à renforcer la lutte contre la corruption, bien que la mise en œuvre de telles réformes demeure incertaine, en raison de l’influence persistante des anciens responsables politiques.