Le président camerounais Paul Biya a reçu, ce mardi 28 janvier, un rapport sur le rôle de la France dans la colonisation du Cameroun et la répression des mouvements nationalistes. Ce document a été rédigé par une commission d’experts franco-camerounais après deux ans de recherche. Avant d’être transmis à Paul Biya, il avait déjà été remis au président français Emmanuel Macron. Les auteurs espèrent que ces informations seront intégrées dans les programmes scolaires pour aider à mieux comprendre cette période.
D’après les conclusions du rapport, la France a mené au Cameroun une “guerre de décolonisation” semblable à celles d’Indochine et d’Algérie. Cette guerre a inclus des massacres, des déplacements forcés de populations et la création de zones dites “de pacification”, comme la Zopac dans la région de Sanaga-Maritime. Le rapport explique aussi que la justice était inégalitaire et que la France a utilisé la censure et la manipulation politique pour contrôler la situation.
Cette répression a commencé juste après la Seconde Guerre mondiale, en 1945, et s’est intensifiée en 1955 avec l’interdiction de l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Cette interdiction a été ordonnée par Roland Pré, qui était à l’époque Haut-Commissaire français. Même après l’indépendance du Cameroun en 1960, la France a continué d’intervenir militairement. Selon le rapport, elle aurait mené des bombardements aériens et utilisé des munitions incendiaires contre les opposants.
Les auteurs du rapport espèrent que ces informations seront reconnues officiellement par les gouvernements français et camerounais. L’un des objectifs est d’inclure cette période de l’histoire dans l’enseignement scolaire pour préserver la mémoire collective. Si les présidents Emmanuel Macron et Paul Biya ont reçu le document, sa mise en application dépendra des décisions politiques futures, comme la création de lieux de mémoire et l’adaptation des manuels scolaires.
Pour réaliser cette étude, la commission a analysé plus de 1 100 cartons d’archives et consulté 2 300 documents déclassifiés. Les quatorze experts impliqués, parmi lesquels l’historienne Karine Ramondy et le chanteur camerounais Blick Bassy, ont également mené une centaine d’entretiens avec des témoins et des spécialistes. Ce travail a parfois été difficile, car certains experts avaient des avis différents sur certains événements.
L’un des objectifs de la commission est de rendre ces informations accessibles à tous. Le rapport sera bientôt disponible en ligne pour que le public et les chercheurs puissent le consulter librement. En outre, des recommandations ont été faites aux autorités afin que cet aspect de l’histoire du Cameroun soit enseigné dans les écoles et reconnu officiellement.