Le secteur de l’externalisation en Afrique, qui emploie actuellement plus de 1,1 million de personnes, se trouve à un carrefour. Le développement rapide de l’intelligence artificielle (IA) présente un défi majeur, risquant de provoquer la destruction de milliers d’emplois dans les années à venir. Selon un rapport publié en avril 2025 par Caribou Digital et Genesis Analytics, plus de 40 % des tâches actuellement réalisées par des travailleurs humains dans l’outsourcing sont susceptibles d’être automatisées grâce à l’IA, menaçant ainsi une partie significative de l’emploi dans ce secteur crucial pour l’économie africaine.
Les secteurs les plus exposés à l’automatisation sont la finance et la comptabilité, l’expérience client, les services basés sur les technologies de l’information, ainsi que les services de données d’IA. Ces domaines représentent une part importante du marché de l’externalisation en Afrique, dont la valeur pourrait atteindre 35 milliards de dollars d’ici 2028. Si l’IA peut améliorer l’efficacité et la productivité, elle bouleverse aussi les métiers traditionnels, en particulier ceux occupés par des jeunes et des femmes dans des fonctions moins spécialisées, comme les rôles juniors. Cette vulnérabilité est exacerbée par la nature répétitive des tâches qui sont les plus susceptibles d’être automatisées.
Le marché de l’externalisation connaît une croissance rapide en Afrique, avec des acteurs majeurs comme l’Afrique du Sud, l’Égypte, et le Maroc en tête. Cette dynamique économique présente un potentiel considérable pour l’emploi, notamment si l’Afrique parvient à accroître sa part de marché mondial. Toutefois, le secteur nécessite des investissements massifs pour être en mesure de répondre aux défis technologiques et aux attentes en matière de qualité de service. Des pays comme le Kenya et le Nigéria se positionnent comme des acteurs émergents dans ce domaine, avec des projections d’emplois considérables si ces investissements sont réalisés.
Si l’IA menace certains emplois dans l’externalisation, elle crée également de nouvelles opportunités. Les tâches les plus vulnérables pourraient être remplacées par des rôles de supervision, de gestion et de maintenance des systèmes automatisés. Cela pourrait permettre la création de nouvelles compétences et de nouveaux postes plus qualifiés, mieux rémunérés et moins exposés aux risques d’automatisation. Le développement d’une infrastructure adaptée à l’IA et des programmes de formation ciblés seront essentiels pour préparer la main-d’œuvre à cette transition technologique.
Les analyses montrent que les femmes et les jeunes professionnels sont les plus exposés à l’automatisation dans l’outsourcing. En moyenne, les tâches réalisées par les femmes sont 10 % plus susceptibles d’être automatisées que celles effectuées par les hommes. Les fonctions juniors, en raison de leur caractère répétitif et transactionnel, sont également particulièrement vulnérables. Cette réalité souligne la nécessité d’adapter les programmes de formation pour réduire cette inégalité et offrir de nouvelles perspectives aux travailleurs les plus exposés.
Pour que l’Afrique puisse saisir le potentiel de croissance de l’externalisation tout en évitant les risques de destruction d’emplois massifs, il est crucial de renforcer les investissements dans les compétences et les infrastructures. Le rapport souligne que, malgré les défis posés par l’IA, un soutien ciblé à la formation et la mise en place de centres d’intelligence artificielle permettraient de préparer la prochaine génération de travailleurs africains aux réalités de demain. Cette stratégie pourrait transformer la menace de l’automatisation en une opportunité pour le continent, avec à la clé la création de millions d’emplois directs et indirects dans les années à venir.