Le 8 mai, plusieurs présidents africains ont pris la direction de Moscou pour participer aux célébrations du 9 mai, marquant la victoire de l’Union soviétique sur le nazisme. Ces dirigeants, venus de pays aux trajectoires politiques diverses, ont choisi ce moment symbolique pour renforcer leurs relations avec la Russie. Parmi eux, les présidents du Zimbabwe, de l’Éthiopie, de la Guinée-Bissau, du Burkina Faso et de l’Égypte, qui prendront part au grand défilé militaire sur la place Rouge, offrant ainsi une visibilité stratégique à Moscou.
Les échanges bilatéraux ne se limitent pas à la simple participation à l’événement. Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa s’entretiendra avec Vladimir Poutine le 10 mai, une rencontre qui souligne l’importance des relations russo-zimbabwéennes, notamment dans les domaines économique et militaire. Le président éthiopien, Taye Atzke Sélassié, aura également des discussions avec Poutine, participant à un dîner officiel et un petit-déjeuner prévu le lendemain. Ces rencontres témoignent du désir de renforcer les partenariats dans un contexte international tendu.
Ces déplacements s’inscrivent dans une dynamique géopolitique qui voit la Russie, sous la direction de Vladimir Poutine, chercher à redéfinir son influence en Afrique. Après la chute du bloc soviétique, la Russie a longtemps été absente de la scène africaine, mais les dernières années ont vu un regain d’intérêt pour le continent, notamment à travers des accords militaires et économiques. L’organisation de ce défilé est aussi l’occasion pour la Russie de rappeler son rôle dans la lutte contre le colonialisme et son soutien aux luttes de libération des peuples africains, un passé qui nourrit ses relations avec certains pays du continent.
Les visites des dirigeants africains à Moscou n’ont pas seulement une dimension symbolique. Elles ouvrent également la voie à des discussions stratégiques, notamment sur la coopération militaire, les ressources naturelles et les investissements. En effet, des pays comme le Zimbabwe et le Burkina Faso, confrontés à des sanctions internationales, trouvent en la Russie un partenaire de poids. Ces rencontres pourraient se traduire par des accords concrets en matière de sécurité et d’approvisionnement énergétique, des enjeux essentiels pour ces nations africaines.
Outre les entretiens bilatéraux, la présence de plusieurs dirigeants africains à Moscou indique un souhait de multiplier les canaux de dialogue avec la Russie. En parallèle des rencontres avec Poutine, des discussions à plus large échelle auront lieu, impliquant des chefs d’État comme Ibrahim Traoré du Burkina Faso et Umaro Sissoco Embalo de la Guinée-Bissau. Ces négociations pourraient marquer un tournant dans la diplomatie africaine vis-à-vis de la Russie, surtout en ce qui concerne les relations économiques et sécuritaires.
Le président Denis Sassou-Nguesso du Congo, en visite pour la septième fois en Russie, a renforcé son rôle de médiateur entre la Russie et l’Afrique. Cette longue relation, bien que centrée sur des échanges énergétiques et militaires, montre l’importance pour certains dirigeants africains de maintenir un lien privilégié avec Moscou. Pour ces pays, ces visites sont l’opportunité de peser dans les relations internationales, tout en consolidant des alliances stratégiques à l’heure où l’Afrique devient un terrain de jeu pour de multiples puissances mondiales.