La justice mozambicaine a donné à Venancio Mondlane, figure majeure de l’opposition, un délai de 20 jours pour préparer sa défense dans une affaire judiciaire engagée par l’État. Il est accusé d’avoir incité aux violences post-électorales d’octobre dernier, qui ont causé la mort de plus de 300 personnes et d’importants dégâts matériels à travers le pays. À défaut de présentation de sa défense dans ce délai, il pourrait être déclaré coupable par défaut.
L’État réclame à l’opposant une amende de 445 000 euros pour les pertes subies, l’accusant d’avoir instigué les manifestations meurtrières ayant suivi les élections présidentielles. Cette procédure intervient alors même que des rencontres récentes entre Mondlane et le président Daniel Chapo semblaient annoncer un apaisement politique. Les discussions portaient notamment sur un éventuel processus de réconciliation nationale, nourrissant l’espoir d’un changement dans les relations entre le pouvoir et l’opposition.
Venancio Mondlane, ancien candidat à la présidentielle, n’a pas tardé à réagir. Depuis sa page Facebook, il dénonce une « persécution judiciaire » mais affirme rester « serein ». Bien qu’il soit soumis à un contrôle judiciaire strict — interdiction de quitter son lieu de résidence sans en informer le procureur — il continue à occuper l’espace public. Ses interventions en ligne, parfois longues et très suivies, mêlent commentaires politiques, plaidoyer pour des réformes et défense personnelle.
L’assignation de Mondlane remet en lumière la fragilité du dialogue politique au Mozambique. Les violences d’octobre ont marqué un tournant dans la contestation du pouvoir en place, mais la réponse judiciaire à ces troubles pourrait étouffer toute tentative d’ouverture démocratique. Le message envoyé par le pouvoir est clair : la critique ouverte et la mobilisation populaire restent étroitement surveillées, voire réprimées.
Malgré les charges qui pèsent contre lui, Mondlane ne renonce pas à son ambition politique. En avril, il a lancé sa propre formation, l’Alliance nationale pour un Mozambique libre et autonome. Le parti, encore en attente d’agrément, illustre une volonté de structurer une alternative au régime actuel. Cette initiative marque un tournant dans la stratégie de l’opposant, qui cherche à incarner une opposition institutionnelle malgré l’étau judiciaire qui se resserre autour de lui.