Le ministère public mozambicain a formellement inculpé Venancio Mondlane, figure emblématique de l’opposition et ancien candidat à l’élection présidentielle, pour “incitation au terrorisme”. Cette inculpation, révélée le 22 juillet par l’intéressé lui-même, s’accompagne de quatre autres chefs d’accusation liés à ses actions de contestation des résultats électoraux de l’automne dernier.
Le parquet retient contre Mondlane l’incitation à la désobéissance collective, l’incitation publique à commettre un crime, et surtout l’incitation au terrorisme. L’acte d’accusation l’accuse d’avoir orchestré une “révolution” via les réseaux sociaux, d’avoir agi avec préméditation et d’avoir plongé le pays dans le “chaos”. Les autorités judiciaires évoquent la mort de centaines de personnes, la paralysie des services publics et la fermeture des frontières comme conséquences directes de ses actions.
Cette inculpation intervient après des mois de tensions post-électorales. Mondlane avait mené la fronde contre la victoire de Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir Frelimo, dénonçant une fraude électorale massive. Plusieurs missions internationales d’observation avaient effectivement relevé de graves irrégularités lors du scrutin présidentiel, alimentant la contestation de l’opposition et une partie de la société civile mozambicaine.
L’inculpation formelle ouvre désormais la voie à un procès, voire à une arrestation de l’opposant. Pour Nicolas Delaunay, spécialiste du Mozambique à l’International Crisis Group, cette épée de Damoclès constitue une “demi-surprise” dans le contexte politique tendu que traverse le pays. Aucune date de procès n’a été fixée, mais cette procédure judiciaire pourrait considérablement modifier l’équilibre politique mozambicain.
L’ancien candidat présidentiel rejette catégoriquement ces accusations, affirmant avoir “rendu service à la nation” en dénonçant la fraude électorale. Il se dit satisfait que l’accusation soit désormais formelle, permettant de “sortir du cadre du secret de l’enquête”. Mondlane promet de se présenter au procès “la conscience tranquille”, entouré d’avocats “nationaux et internationaux”.
En attendant son procès, Venancio Mondlane demeure libre mais reste placé sous contrôle judiciaire. Cette situation juridique témoigne de la volonté du pouvoir de maintenir une pression constante sur l’opposition tout en évitant une arrestation qui pourrait rallumer les tensions dans un pays encore marqué par les violences post-électorales de l’automne dernier.